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Faut-il toujours chercher la certitude ?

ElementsHistoireDesSciences-MichelSerres

Au sommaire :

  1. Une question ancienne
  2. Trois postures possibles face à une information
  3. Méthode zététique et bon sens numérique
  4. Des communautés hermétiques
  5. Faut-il toujours chercher la certitude ?
  6. L’éducation aux médias concrètement
  7. Lisez aussi

1- Une question ancienne

Alors que la plupart des lycéens ne toucheront plus jamais à la philo de leur vie (l’épreuve du bac était le 17 juin dernier, une éternité) et planchent actuellement sur les autres matières, le commentaire de texte du sujet 2015 était lié avec le sujet qui nous préoccupe, à travers l’exemple de l’astronomie et de la divination : pourquoi croire à l’un et pas à l’autre? Le sujet ne date pas d’internet, puisque c’est Cicéron qui se posait déjà la question au premier siècle av JC!

Le sujet du bac Philo 2015

Plus généralement, face à toute information, quelle que soit sa source, comment décider de se l’approprier ou de la rejeter?

On prétend tous avoir suffisamment d’esprit critique. On sait tous qu’il ne faut pas faire confiance à tout ce qu’on voit sur internet, qu’il faut vérifier l’information. On sait qu’il faut le faire… mais on le fait rarement. Quand on essaye, bien souvent on s’y prend très mal.

Phrase d’introduction d’une vidéo consacrée la recherche d’information sur internet

La méthode décrite par cette vidéo est très efficace, mais très chronophage. Or à moins d’y consacrer tous ses loisirs (et encore, cela suffirait-il seulement?), il est impossible de l’appliquer systématiquement. Alors il nous faut déterminer dans quel(s) cas cette méthode peut se révéler utile.  C’est encore la philo qui apporte une réponse.  France Culture a consacré plusieurs émissions aux révisions du Bac. Pour l’épreuve de philo, l’émission les nouveaux chemins de la connaissance a choisi de s’intéresser au sujet de dissertation suivant : « Faut-il toujours chercher la certitude ? »

L’ensemble de l’émission (53 min) est intéressante, ainsi que le corrigé proposé sur la page web correspondante. Je me contenterai de deux citations particulièrement pertinentes dans le contexte de la recherche d’information, en gardant une chose à l’esprit : ne jamais confondre « certitude » et « vérité avec un grand V ».

Si avoir des certitudes est utile et bénéfique, car elles donnent ancrage à notre subjectivité (que cet ancrage soit scientifique, ontologique ou moral et social), il importe de se donner les moyens de les mettre en perspective par les échanges, la discussion, les confrontations, et par cet effort de ne jamais s’y tenir pleinement ou toujours en considérant ce qu’elles sont- à savoir des points de repères limités et partiels qui n’ont de valeur que dans un contexte donné.

Les certitudes concernent tout ce qu’on croit déjà savoir : avoir trop de certitudes, c’est verser dans le dogmatisme et ne plus croire qu’en ce qui confirme ce qu’on croit déjà. Ne pas en avoir assez, c’est sombrer dans le relativisme et être capable de croire n’importe quoi : toutes les connaissances se valent. Entre les deux, l’esprit critique nous permet de garder une distance raisonnable face à tout ce qu’on entend, voit, lit. Mais après une période de doute (socratique), de scepticisme raisonnable (d’un Montaigne ou d’un Descartes), on doit pouvoir décider si une information est recevable ou non. Comment?

Avoir des certitudes c’est tenir pour vrai quelque chose sans remettre en question ce que l’on affirme parce qu’on y adhère entièrement, pleinement. Toute la question est de savoir de quelle nature est cette adhésion: cette adhésion d’un sujet à ce qu’il affirme et tient pour assuré est-elle immédiate, crédule et trop subjective ou bien est-elle objectivement fondée ?

On tient donc la réponse à la question « comment décider de s’approprier ou de rejeter une information nouvelle » : rejeter ce qui semble trop immédiat, ne pas se montrer trop crédule, privilégier l’objectivité. Facile à dire.

2- Trois postures possibles face à une information

Il se trouve qu’on n’a pas à chercher absolument à se forger une opinion, à adopter une certitude, sur tout ce que les médias déversent sur nous. Il me semble qu’à trois types d’informations correspondent trois comportements :

  1. Cette information ne m’intéresse pas. Qu’elle soit vraie ou qu’elle soit fausse, elle sera oubliée aussi vite qu’elle a été lue. Exemple : la vie sentimentale de Justin Bieber.
  2. De cette information, je me suis déjà fait mon opinion (positive ou négative) par un examen approfondi par le passé, inutile d’y revenir : elle ne m’apporte rien de neuf.
  3. Cette information me surprend et correspond à mes centres d’intérêts : la question mérite d’être creusée, quitte à revoir mes certitudes ou à nuancer mon opinion.

Le deuxième cas de figure correspond un peu à la culture de l’honnête homme des humanistes de la Renaissance, actualisée en une version du XXIe siècle. Quelques exemples d’opinions positives : l’ensemble des matières sur lesquelles planchent lycéens et collégiens en ce moment :

  • Les astronomes, après bien des tâtonnements, ont déterminé que la Terre tourne autour du Soleil;
  • A l’aide des preuves archéologiques et historiques, il est possible de retracer, de façon plus ou moins fine selon le lieu et l’époque considérée, une chronologie des états, pays, civilisations, entités qui se sont succédé sur l’ensemble du globe;
  • Pasteur a montré que la génération spontanée n’existe pas (germes invisibles à l’œil nu), Cuvier que les espèces se ressemblent entre elles (anatomie comparée), Lamarck qu’elles descendent les unes des autres (évolution);
  • etc

Quelques exemples d’opinions négatives :

3- Méthode zététique et bon sens numérique

Revenons sur le troisième cas de figure, quand on se retrouve en situation de dissonance cognitive sur un sujet qui nous intéresse :

En psychologie sociale, la dissonance cognitive est la simultanéité de cognitions qui entraînent un inconfort mental en raison de leur caractère inconciliable

(Wikipedia)

Pour ne pas sombrer dans les théories du complot comme les plus naïfs des internautes, la méthode zététique peut se révéler utile.

La zététique est définie comme « l’art du doute » par Henri Broch. La zététique est présentée comme « l’étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges ». La zététique est destinée aux théories scientifiquement réfutables, c’est-à-dire respectant le critère de discrimination de Popper (1902-1994). De fait, contrairement aux autres mouvements sceptiques, elle ne pose pas la question des religions et des croyances non réfutables. Son objectif est la mise à l’épreuve d’énoncés pourvus de sens et de nature scientifique (c’est-à-dire réfutables selon Popper) dont les explications ne semblent pouvoir se rattacher à aucune théorie communément acceptée.

(Wikipedia)

Le choix du squelette de l’Homo Sapiens géant est à but pédagogique, et a le mérite de montrer le mécanisme de transmission des rumeurs : elles sont souvent récurrentes, avec des versions ne différant que sur quelques détails contextuels mineurs.

De nombreuses rumeurs réapparaissent périodiquement

Ici, le travail approfondi fait qu’on peut se forger l’opinion que les squelettes d’humains géants de 8 mètres et plus, ça n’existe pas. La prochaine fois qu’on tombera sur cette info ou une info similaire, sauf réelle nouveauté, il sera inutile de refaire toute la démarche puisqu’on tombera dans le cas numéro deux : on aura déjà approfondi la question. Ainsi, plus on a utilisé cette méthode par le passé, plus on connait de fakes et de faits vérifiés : c’est ce qu’on appelle la culture.

Sans pousser aussi loin la vérification d’infos, il s’agit surtout pour moi de faire preuve de bon sens numérique. C’est la méthode que j’utilise au quotidien pour écrire mes billets de blogs et plus généralement m’informer, au delà du bruit de fond audiovisuel et radiophonique : varier mes sources, recouper mes informations, relever les contradictions entre les sources, faire une synthèse du tout en écartant le moins pertinent ou le redondant, puis ajouter mes mots et mon point de vue. Cela nécessite de connaître quelques fondamentaux élémentaires, que l’auteur de la vidéo utilise de manière implicite, considérant que son lecteur est familier avec le numérique. Or ce n’est pas toujours le cas des jeunes. Exemple : identifier la pertinence d’une source à partir de sa seule adresse web, ce qui permet d’effectuer un premier tri dans les pages de réponses d’un moteur de recherche, avant même de cliquer sur le moindre lien. Ce ne sont pas les manuels qui manquent pour apprendre toutes ces astuces :

A charge pour les médiateurs et les éducateurs de se servir de ces manuels en les adaptant à leurs publics.

Evidemment, il est plus facile d’évaluer la pertinence d’un site à partir de son adresse quand on connait un maximum de bonnes et de mauvaises adresses, ce qui s’acquiert petit à petit, à mesure qu’on développe sa culture numérique. Voici une sélection de sites dont il faut se méfier, classés en trois catégories :

J’ai déplacé Nord Presse vers l’humour et les parodies, ce qui me semble plus juste.

Comme la méthode est particulièrement chronophage d’un part, et que les rumeurs ont un caractère récurrent d’autre part, certains sites répertorient les plus courantes  ou celles qui ont fait le plus de bruit. Inutile de réinventer la roue :

De même, pour vérifier les dires des personnalités publiques (ce qui ne relève pas de la zététique : il ne s’agit en aucun cas de théories scientifiques réfutables), des journalistes font le travail à notre place pour démêler le vrai du faux. C’est ce qu’on appelle le fact checking. Là encore, inutile de réinventer la roue :

Au delà du fact checking, il existe heureusement des sources plus dignes de confiance que les sites de la classification citée plus haut. Un info qui vient de La Tête au Carré sur France Inter, des Cahiers de science et vie de mon marchand de journaux ou d’un reportage de France 5, Arte ou LCP retiendra toujours plus mon attention que l’énième animal extraordinaire dont la photo circule sur les réseaux sociaux, avec une source au nom d’aspirateur à clics, voire sans citer de source du tout. Je serai toujours plus méfiant avec une source en .free.fr qu’avec des noms de domaine comme ens-lyon.fr, cnam.fr ou encore rennes.inra.fr

C’est là toute la force d’internet. Souvenez-vous du temps où ni le replay, ni les podcasts n’existaient, et où le moindre article de presse nécessitait d’acheter le journal en entier. A cette époque, pour diversifier et recouper ses sources sur un sujet donné à un moment donné, il fallait en vouloir, et de fait, seuls les journalistes pouvaient s’en charger. Aujourd’hui, une grande quantité de sources sont accessibles à tout moment, d’un simple clic :  journaux, émissions passées de radio ou de télé, documents institutionnels… Non seulement en France, mais aussi depuis l’étranger. Ne nous privons pas d’utiliser intelligemment cet outil formidable!

Photomontage réalisé à partir d’une photo d’un calamar prise dans le nord de l’Espagne en octobre 2013 et mixée avec l’image d’une baleine échouée au Chili en 2011. Le tout refait surface régulièrement sur la toile, avec une nouvelle histoire pour contextualiser.

4- Des communautés hermétiques

Comme on le voit, le conseil des fact checkers, qui consiste à vérifier si une information est reprise par plusieurs sources, est définitivement caduc : les sites de désinformation pullulent et se relayent les uns les autres. Mais le problèmes est encore plus profond avec les réseaux sociaux.

Victor Chomel est l’auteur d’une thèse intitulée « Au-delà des Fake News : une approche structurelle et dynamique de la désinformation et des manipulations d’opinion en ligne« . Il a réalisé une cartographie de tous ceux qui parlent du climat en France. Chaque point est un utilisateur de Twitter (X). Quand un twittos en retweet un autre, les deux sont reliés par un trait. Plusieurs communautés ressortent alors :

  • Le GIEC
  • Les pro-climat
  • Le gouvernement
  • les médias
  • les techno-solutionnistes
  • les dénialistes
Cartographie climato-septique par Victor Chomel

Il explique sa carte sur Public Sénat :

Ce qui en ressort, c’est que les communautés s’organisent entre elles, mais communiquent très peu les unes avec les autres. Les dénialistes sont particulièrement à l’écart et ni le GIEC ni les médias ne peuvent les atteindre. Chaque communauté se retrouve alors dans une bulle informationnelle.

Une équipe de chercheurs a fait un travail similaire sur les bulles informationnelles en 2013, sur le Facebook italien et relayé par Pour la Science :

J’en ai parlé dans un article intitulé Fake news, Canards et algorithmes, l’ère de la post-vérité?

5- Faut-il toujours chercher la certitude ?

On en est arrivé ici à tout discriminer selon une dichotomie vrai/pas vrai. Les cas où on peut le faire permettent de se forger des opinions, des certitudes. Ce n’est pas toujours aussi simple.

Histoire et philosophie des sciences
Thomas Lepeltier – 2013 – 312 pages

Premièrement, une vérité scientifique est toujours provisoire, réfutable et susceptible d’être supplantée :

Un scientifique est donc toujours dans une saine incertitude, n’étant sûr que d’une chose, c’est que l’état des connaissances de son domaine va continuer à évoluer. Ce n’est pas Yves Coppens qui dira le contraire, et c’est tout à son honneur.

Eléments d’histoire des sciences
sous la direction de Michel Serres – 1997 – 888 pages

Deuxièmement, et c’est surtout le cas en sciences humaines, des faits peuvent être décryptés selon différentes grilles de lecture (philosophiques, psychologiques, sociologiques, historiques, linguistiques…) sans que l’une soit plus « vraie » qu’une autre, puisqu’il s’agit plutôt d’éclairages complémentaires.

Les Sciences Humaines. Panorama des connaissances
Jean-François Dortier – 2009 – 480 pages

Et à l’intérieur de chaque discipline, différents point de vue s’affrontent sans qu’on puisse affirmer que l’un a plus tort que l’autre. Par exemple, France Culture s’est penchée sur un fait historique pour le décortiquer : la bataille de Poitiers.

Bataille de Poitiers, en octobre 732 (Charles de Steuben) – 1837, Musée du Château de Versailles
Domaine public, Wikimedia

« Charles Marlel a stoppé l’avancée des Sarrasins », nous apprennent nos manuels d’histoire. C’est un fait présenté comme un point charnière pour notre continent, prélude à l’Empire Carolingien. Du point de vue des « Sarrasins » en question, c’était une razzia parmi tant d’autres, qui n’a pas marqué leurs historiens. Or il se trouve que cette bataille n’a pas toujours eu la place qu’elle occupe aujourd’hui dans notre imaginaire collectif. Notre seule certitude, c’est qu’il s’est passé quelque chose du côté de Poitiers vers 732. Tous les éclairages sur ce fait ont un intérêt, ne serait-ce qu’historique, quelles que soient leur origine ou leur époque.

Les enjeux de la bataille de Poitiers : quand la politique réinvente l’Histoire
Un exemple concret d’histoire globale : le récit de la fameuse bataille, non seulement des deux points de vue (franque et arabe), mais aussi à travers l’histoire depuis que le fait s’est déroulé (Selon Voltaire, selon Chateaubriand, selon la IIIe république, selon Samuel Hutington et son choc des civilisations, selon la récupération par l’extrême droite au XXIe s, etc).
France Culture – La Grande table (2ème partie) par Caroline Broué, 10 juin 2015 (34 minutes)

De la même manière, le récit de la bataille de Marignan (1515…) a une histoire. Le fait d’arme a été instrumentalisé de différentes manières selon les époques et… le Chevalier Bayard ne s’est pas particulièrement illustré lors de cette bataille! Il a fait le job, rien de plus que les autres soldats.

François Ier armé chevalier par Bayard, par Louis Ducis, 1817. Alors que tout est faux dans cette représentation, le réalisme de la peinture a contribué au succès de la légende.

1515, Marignan : la grande mythification – France Culture, 12.09.2015

Internet peut se révéler comme le meilleur rempart contre l’ignorance si on sait choisir ses sources et exercer son esprit critique. L’ennui est qu’on utilise son esprit critique à meilleur escient quand on est plus cultivé. Le serpent se mord la queue. La seule façon de rompre le cercle vicieux est de faire preuve de bon sens numérique, voire de bon sens tout court, quelque soit son niveau de culture, en particulier scientifique.

Croire que le papier est plus fiable que le numérique est illusoire. Revue trouvée chez un marchand de journaux : Complots et Dossiers Secrets – Nouvel ordre mondial, sociétés secrètes, contrôle des esprits, archéologie mystérieuse, complots énergie libre, ufologie. Le point de vue n’est ici ni parodique, ni en vue de démonter les théories les plus fumeuses. Rien à voir avec la revue de l’AFIS, « Sciences et pseudoscience », résolument rationaliste en dépit de son titre.

<MAJ du 13 décembre 2018 : Le Petit Larousse de la culture générale>

Vous désespérez de ne rien comprendre à l’économie, à la politique, à la religion, à la littérature, à l’art, aux grands principes de la science ou de la philosophie, aux mécanismes de la grammaire ? Le Petit Larousse de la culture générale est fait pour vous. Au contraire, vous adorez l’une de ces matières et vous rêvez d’en revoir les bases ? Ce livre est fait aussi pour vous !

En 464 pages, le Petit Larousse a pour ambition de donner ou de redonner à tous, jeunes ou moins jeunes, novices ou savants, de la façon la plus simple et la plus claire possible, les clés pour comprendre dix grands domaines fondamentaux de la culture générale. Et avec eux le monde qui nous entoure !

  • Un panorama des connaissances scientifiques
  • Un abrégé littéraire et artistique
  • Une histoire des idées, des sociétés et des valeurs qui les fondent
  • Un aperçu des problématiques les plus actuelles

La culture est généreuse, et quand elle est générale, elle est accueillante.

  • http://www.europe1.fr/emissions/on-fait-le-tour-de-la-question-avec-wendy-bouchard/wendy-bouchard-aujourdhui-quest-ce-quetre-cultive-3812726
  • https://www.franceinter.fr/emissions/par-jupiter/par-jupiter-13-novembre-2018
  • https://www.editions-larousse.fr/livre/le-petit-larousse-de-la-culture-generale-9782035947796
  • https://www.babelio.com/livres/Brocvielle-Le-Petit-Larousse-de-la-culture-generale/1072848#critiques
  • https://www.cultura.com/culturissime-le-grand-livre-de-culture-generale-9782072704703.html

Cette idée de “vue d’ensemble” qui sous-tend la démarche du bibliothécaire a une portée considérable sur le plan pratique car c’est sa connaissance intuitive qui donne les moyens à certains privilégiés d’échapper sans trop de dommages aux situations où ils pourraient être pris en flagrant délit de non-lecture. Les personnes cultivées le savent – et surtout, pour leur malheur les personnes non cultivées l’ignorent – la culture est d’abord affaire d’orientation. Être cultivé, ce n’est pas avoir lu tel ou tel livre, c’est savoir se repérer dans leur ensemble, donc savoir qu’ils forment un ensemble et être en mesure de situer chaque élément par rapport aux autres.

Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on a pas lus p.27

</maj>

<MAJ du 30 juin 2015 : concrètement dans les écoles, l’exemple d’une classe de CM2>

Pendant que le Ministère de l’éducation s’est donné le temps de la réflexion à propos de l’éducation aux médias, des initiatives sont déjà passées au stade de la réalisation :

Apprendre à se repérer sur la toile avec un esprit critique pour devenir des e-citoyens avertis, qui consomment et produisent des informations de manière responsable, sans se faire berner ni manipuler : tel est l’enjeu d’un projet inédit d’éducation aux médias que je viens d’expérimenter auprès d’enfants de 10-11 ans.

Le projet « info ou intox sur internet, comment faire la différence ? » s’est étalé sur huit séances de 1h30, soit quelque chose de vraiment plus conséquent que la semaine des médias, et couvre a peu près toutes les thématiques de ce billet :

  • Mes élèves se sont donnés à fond dans ce projet
  • Comprendre ce qu’est une « vraie information »
  • Sur le net l’apparence est trompeuse
  • Comment déjouer les pièges du net
  • Education aux médias et initiation à la citoyenneté

Bravo à Rose-Marie Farinella Elkabbach, l’enseignante et ex-journaliste qui a mis sur pied et réalisé ce projet. La progression détaillée, les exercices et traces écrites pour les élèves, les bilans des séances avec des photos ainsi que des enregistrements sont en ligne sur le site de l’académie de Grenoble. Ses collègues n’ont plus d’excuse pour ne pas passer à la vitesse supérieure :

Et à l’autre bout du cursus :

Les adultes peuvent en prendre de la graine :

</maj>

Cet article est le dernier d’une série. Lisez les autres!

  1. Complots, no go zones et paréidolies
  2. Madame, on n’a pas trouvé sur Internet
  3. Les médias traditionnels plus fiables qu’Internet?
  4. Où va la presse?
  5. Education aux médias : et la télévision?
  6. Et si c’était la vérité?
  7. La démocratie des crédules
  8. Démocratie de la connaissance contre démocratie des crédules (1) : presse écrite
  9. Démocratie de la connaissance contre démocratie des crédules (2) : Internet
  10. Faut-il toujours chercher la certitude ?

3 commentaires sur “Faut-il toujours chercher la certitude ?”

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