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Questions sur le créationnisme

cosmogonies

En astronomie, la plupart des gens admet que si les anciens avaient eu nos moyens d’observation, ils auraient abandonné plus tôt le modèle géocentrique de Ptolémée, qui ne marche qu’avec les observations à l’œil nu. L’Almageste n’a pas (ou plus) de nature religieuse.

Pourtant, les sciences naturelles sont dans une situation bien différente.

Sommaire :

  1. La Genèse au pied de la lettre
    Le récit créationniste
  2. Le créationnisme contre la science
    La théorie de l’évolution
  3. La vaste farce de l’Atlas de la création
    L’Atlas dézingué
  4. Cinq questions qui illustrent les faiblesses du récit créationniste
  5. La théorie de la sélection naturelle apporte des réponses à des question auxquelles le créationnisme est incapable de répondre
  6. L’Intelligent Design et ses contradictions
    La théologie naturelle
    Le concept de complexité irréductible
    L’origine de la vie
    Les véritables motivations des créationnistes
    Des créationnistes qui ne sont pas à une contradiction près
  7. Soyons relativistes jusqu’au bout!
    Transcendance et raison
  8. Enseigner l’évolution
    Un catalogue de résultats scientifiques
  9. Sources pour aller plus loin
    Le récit créationniste
    La complexité irréductible
    La théorie de l’évolution
    Prion, viroïde, virus et origines de la vie
    Évolution humaine

1-La Genèse au pied de la lettre

La création (ciel, terre, plantes, animaux, humains) est décrite dans un livre religieux, la Genèse, que certains persistent à prendre au pied de la lettre. La Genèse est canonique pour trois religions monothéistes. Dicté par le Très Haut selon les plus fondamentalistes, son récit reflèterait la vérité à l’exclusion de tout autre récit, et toute interprétation allégorique ou métaphorique est péché, haram, sacrilège. Saint Augustin était-il donc un dangereux hétérodoxe?

Or, dans ce récit, aucune trace de

  • Big Bang vieux de 13.8 Ga (Milliards d’années),
  • Système solaire âgé de 4.5 Ga ,
  • Toumaï (7 Ma – Millions d’années),
  • Orrorin (6 Ma),
  • Lucy (3.5 Ma),
  • Cultures préhistoriques (Aurignacien, Moustériens…) datant de dizaines de milliers d’années.

Le récit créationniste

A contrario, selon la Genèse, le monde a été créé tel quel en six jours (au Déluge près). C’était il y a environ 6000 à 12000 ans par Dieu/Yahweh/Allah. On ne sait même pas si le septième jour était un vendredi, un samedi ou un dimanche.

Mais la Genèse ne précise pas la durée des journées du Très Haut. Pourquoi feraient-elles 24h terrestres, à fortiori avant qu’Il n’ait créé la Terre? C’est pourtant comme cela qu’a compté James Ussher (1581 – 1656), qui a calculé que le monde a été créé  le 23 septembre 4004 avant J-C (l’archevêque étant protestant, il fallait donc que cela tombe un dimanche!).

Ainsi un certain nombre de dogmes découlent de ce récit :

  • Les nouvelles espèces sont impossibles, et les mutations n’existent pas (fixisme).
  • Tous les êtres vivants actuels sont donc issus d’un couple d’origine unique.
  • La seule « évolution » des espèces possible est la disparition (par exemple les dinosaures, mais pas à cause d’une météorite il y a 65 millions d’années).
  • Seul événement dans cette courte histoire, le déluge : la Terre a été recouverte entièrement d’eau et seul un couple de chaque espèce a été sauvé (c’est la fameuse Arche de Noé).
L’arche de Noé. Tableau d’Edward Hicks (1846).

2-Le créationnisme contre la science

Toujours est-il que l’enseignement des sciences naturelles crée un conflit de loyauté chez une minorité d’élèves. D’autres découvrent le créationnisme sur Internet et le placent sur un pied d’égalité avec l’évolution :

En sélectionnant sur le moteur de recherche les mots-clés « théorie de l’évolution » les  élèves accèdent, à la fois, à des sites scientifiques et créationnistes.
Pour certains élèves, c’est l’occasion de mettre en concurrence le savoir enseigné au sein de l’école et ce qui se dit hors de l’école.
Cette confrontation conduit certains élèves – religieux ou pas – à interroger  la validité de l’enseignement dispensé ou à préconiser le droit de chacun à croire ou non en l’évolution.

La théorie de l’évolution

La démarche scientifique ne se croit plus sur les épaules des géants (sinon nous en serions encore aux sciences de la nature selon Aristote). Elle ne consiste pas non plus en élucubrations qui ne reposent sur rien de concret.

Il serait ici trop long de développer la notion d’épistémologie, à la base de la méthode scientifique :

  • question
  • hypothèses
  • expérimentation
  • argumentation
  • tenue du carnet de labo
  • communication dans une revue scientifique.

Vous pouvez lire Thomas Lepeltier par exemple (312 pages). Si le temps vous manque, vous pouvez aussi lire les 6 pages de ce compte rendu de journée d’étude en guise d’introduction : La science, méthode, productions, périmètre.

La théorie de l’évolution est le fruit d’une histoire basée sur la science

Chronologiquement,

Précurseurs : Buffon, Linné, Cuvier, Lamarck

  • Buffon a défini la notion d’espèce biologique, basée sur la reproduction, et a ouvert la voie du temps profond en géologie. Linné – qui était finaliste comme Buffon – a regroupé les espèces par ordre famille et genre. C’est l’origine de la taxonomie.
  • Puis Cuvier – qui était fixiste – a montré que les espèces se ressemblent entre elles (anatomie comparée), et Lamarck, à l’aide des collections d’invertébrés du Muséum d’Histoire Naturelle, qu’elles descendent les unes des autres (évolution).

Darwin, Wallace, Lyell

Darwin est arrivé après. Suite à ses observations à bord du Beagle, il a proposé une cause pouvant expliquer l’évolution : la sélection naturelle. Wallace est arrivé indépendamment aux même conclusions après ses recherches biogéographiques à Bornéo. Les deux ont alors entamé une collaboration par correspondance. Le géologue Charles Lyell fut l’un des premiers scientifiques reconnus à apporter son appui à L’Origine des espèces. Il s’était auparavant opposé au catastrophisme de Cuvier et s’était montré critique sur le transformisme de Lamarck.

Postérité

Depuis, la théorie a continué à s’affiner, tout en découvrant sans cesse de nouvelles preuves de sa validité, notamment les travaux en génétique et en embryologie (théorie synthétique de l’évolution, évolution à équilibres ponctués puis évo-dévo), et ceci, indépendamment des applications tordues que les sciences humaines (Herbert Spencer était philosophe et sociologue, pas biologiste) en ont tiré en la dénaturant, du style « la loi du plus fort » là où Darwin parlait de « survie du plus apte », ce qui n’est pas du tout la même chose.

Ce que Darwin ne savait pas encoreArte Vod

Face au monument des sciences, qu’apportent les créationnistes aux connaissances humaines? Un récit qui ne résiste pas à l’épreuve des dates. La stratigraphie et les datations aux isotopes n’existaient pas au temps des ancêtres de Moïse. Le Très Haut aurait quand même pu leur en toucher deux mots, lui qui sait tout.

3-La vaste farce de l’Atlas de la création

Et quand un érudit (?) tente une somme pour démontrer le créationnisme, c’est un naufrage. L’exemple le plus célèbre est l’Atlas de la création, d’Haroun Yahya, du fait qu’en 2007, des dizaines de milliers de copies du livre ont été envoyés sans sollicitation à des écoles, à des instituts et à des chercheurs à travers l’Europe et les États-Unis. Un livre réellement beau de 800 pages en papier glacé, avec de superbes photos. En France, il a tout de même fallu une circulaire du ministère de l’éducation nationale pour alerter les destinataires!

Adnan Oktar aka Harun Yahya

L’Atlas dézingué

Harun Yahya, de son vrai nom Adnan Oktar, est Turc, un pays où la théorie de l’évolution n’est pas enseignée (ce dont rêvent les conservateurs américains pour leur propre pays). Je ne vais pas m’amuser à démonter son « œuvre », puisque d’autres s’en sont déjà chargés… sur Internet!

Si la cause du mal est sur le réseau, la solution s’y trouve aussi. Voici quelques exemples :

Stop Science

 

Giganto Raptor

Parmi les détracteurs les plus virulents, on trouve Aurélien Enthoven, un Youtubeur qui a commencé à… 14 ans. Il alimente, avec l’aide de son petit frère Julien, la chaîne Youtube Motorsport Gigantoraptor, dont une playlist entière est consacrée au fameux atlas. Il est doué en plus :

  1. Un tigre au crétacé
  2. Le créationnisme est-il un racisme?
  3. Évolutionnisme et endoctrinement
  4. Bivalves et fougères
  5. Nom d’un crocodile
  6. Tortues et création

… et d’autre épisodes à venir, sans aucun doute!

[Edit du 28 septembre 2015 : le groupe Fb Zététique en fait l’éloge et Giganto Raptor intervient pour expliquer sa démarche]

Wikipedia précise que même les musulmans sont critiques à propos de l’ouvrage d’Harun Yahya, ce qui ne l’a pas empêché de sortir un volume 2…

Non, je ne mets pas le lien. Vous trouverez bien tout seuls avec Google.

4-Cinq questions qui illustrent les faiblesses du récit créationniste

Au delà de cet Atlas risible, j’aimerais poser quelques questions de bon sens à l’ensemble des créationnistes :

Question 1 : punir des espèces qui n’avaient rien fait?

Le Très Haut voulait punir le genre humain. Alors pourquoi des milliers d’espèces, animales et végétales, ont-elles disparu? Noé manquait-il à ce point de place sur son arche?

Question 2 : Mont Ararat et espèces endémiques

La Bible n’explique pas pourquoi les endroits coupés de l’Ancien Monde sont peuplés d’espèces endémiques. Amériques, Australie, Madagascar, îles du Pacifique…

Noé a libéré toute sa ménagerie d’un coup quand les eaux se sont retirées et que l’Arche s’est échouée sur le Mont Ararat.

Compte tenu de l’époque de Noé, la tectonique des plaques n’a pas d’influence. Donc la totalité des lémuriens aurait quitté le Mont Ararat sur ses petites pattes pour aller vers Madagascar. Puis aurait terminé à la nage avec ses petits bras musclés. La totalité des marsupiaux aurait fait de même vers l’Australie. Et cela sans laisser aucun cousin vivant sur leur chemin?

Noé, James Cook de l’antiquité?

Et d’ailleurs comment Noé les avait-il récupérés avant les grandes pluies? Avait-il fait un tour du monde façon James Cook mais en quelques jours seulement? A-t-il découvert l’Amérique et l’Antarctique avant tout le monde?

A-t-il donc collecté un couple de chacune des 14 espèces de Pinsons des Galapagos pour que Darwin puisse les redécouvrir plus tard? Pourquoi la Genèse n’en parle-t-elle pas? Décidément, le Très haut a été très sélectif quand il a dicté son livre aux ancêtres de Moïse…

Question 3 : la disparition de faunes qui n’avaient nul besoin d’une arche

Comment se fait-il que des animaux aquatiques (poissons, mollusques, crustacés et des embranchements entiers sans aucun représentant actuel – par exemple la faune d’Ediacara) aient disparu, alors qu’ils n’avaient nul besoin d’une arche pour survivre?

Ni plantes, ni fourrage?

Inversement, Noé n’a emmené aucune plante, or celles qui sont terrestres ne survivent pas à une immersion prolongée. Comment la base de la chaîne alimentaire a-t-elle redémarré après le déluge? Par génération spontanée? Pas par une nouvelle évolution à partir des algues quand même?

Question 4 : sélection de mutants résistants dans un monde soi-disant fixe

Comment se fait-il que les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques (sélection de mutants résistants), que des mauvaises herbes se mettent à résister à des pesticides?

Question 5 : les humains, plus forts que le Très haut?

Dans un monde fixe créé par le Très haut, comment les humains sont-ils capables de sélectionner les variétés de plantes et d’animaux depuis des milliers d’années, jusqu’à faire apparaître des espèces inédites? La quasi totalité de ce qui garnit nos assiettes vient de la sélection artificielle : variétés de fruits, légumes, animaux de ferme, animaux de compagnie, levures de pain et de bière, ferments des yaourts et fromages, etc. On peut aussi penser aux éléphants aux défenses plus petites à force d’être braconnés.

Les petits pois de Mendel et les expériences ultérieures sur la mouche drosophile, la plante Arabidopsis thaliana, le vers Caenorhabditis elegans et bien d’autres organismes modèles de la biologie, ont permis de mieux comprendre la descendance avec modification, après des millénaires de pratiques empiriques.

Des Truies qui ont des portées de plus en plus nombreuses, des vaches qui produisent de plus en plus de lait, des céréales domestiques (riz, maïs, blé) aux rendements sans commune mesure avec leurs ancêtres sauvages… et des chihuahuas dont on peine à croire qu’ils descendent du loup.

Dans le jardin d’Adam et Ève, y avait-il donc déjà des chihuahuas, des teckels et des bouledogues. Y avait-il également l’ensemble des variétés d’orchidées ou de roses dont les horticulteurs jalousent pourtant la paternité?

5-La théorie de la sélection naturelle apporte des réponses à des question auxquelles le créationnisme est incapable de répondre

À gauche épi de blé domestique, à droite épi de blé sauvage.

A ces cinq questions et à bien d’autres (génétique, embryologie…), la théorie de la sélection naturelle apporte des réponses. Ce n’est pas le cas du créationnisme. C’est bien gentil de critiquer. Mais veillez à proposer une théorie alternative qui tienne la route avant de dire que les deux approches se valent.

Par exemple, le site Sciencepasta propose une histoire de la disparition des dinosaures qui vaut bien l’explication des créationnistes :

Noé avait en fait fabriqué deux Arches. Celle des dinosaures a coulé, ils n’ont pas survécu. Seule celle des mammifères a tenu, ils sont toujours là.

… sauf que Sciencepasta est un site humoristique.

Les geeks glosent aussi beaucoup sur la disparition des licornes 🙂 . Le récit créationniste répond ainsi à des questions qui n’ont pas lieu d’être.

la version de cette publicité pour Canal + est de loin la plus drôle :

6-L’Intelligent Design et ses contradictions

Le créationnisme étant incapable de répondre à un nombre de plus en plus grand de questions scientifiques, certains créationnistes ont changé leur fusil d’épaule. Tout ce que la science a découvert en embryologie, anatomie, paléontologie, biologie moléculaire… serait en fait orienté, influencé, façonné… par une intelligence supérieure.

La théologie naturelle

Le dernier avatar du créationnisme, l’Intelligent Design, s’inspire d’une idée du XVIIIe siècle. Le modèle Newtonien présentait des analogies avec les horloges suisses qui se développaient à la même époque. Certains ont donc imaginé que cette belle mécanique céleste impliquait un Grand Horloger : c’est l’origine de la théologie naturelle.

L’idée de l’Intelligent Design en est la dérivée appliquée à la biologie. Tout est tellement bien ordonné, bien adapté dans la nature, qu’on peut supposer l’existence d’une intelligence supérieure à l’œuvre dans l’Univers. Une sorte d’avatar de l’Être suprême de la Révolution Française ou du Suprême Géomètre de Voltaire, en somme.

L’intelligent design repose sur deux piliers : le concept de complexité irréductible et l’origine de la vie

Le concept de complexité irréductible

Le terme complexité irréductible se rapporte à des systèmes supposés trop complexe pour être le résultat de l’évolution. Le terme a été inventé et défini en 1996 par le professeur de biochimie Michael Behe, qui a donné trois exemples :

  • la coagulation en cascade,
  • le moteur (ou corps basal) des flagelles cellulaires
  • et le système immunitaire.
  • En dehors des systèmes biochimiques présentés par Behe, un exemple très couramment avancé par les créationnistes est l’œil.

En somme, les créationnistes prennent les bouts de science qui les intéressent et pas l’ensemble des connaissances.

Mais les exemples de complexité donnés par les créationnistes sont de mieux en mieux connus… et s’expliquent sans recourir à une intervention divine.

L’œil : D’une part, l’œil humain est loin d’être parfait. D’autre part, la biologie a déjà montré qu’il est le fruit d’un évolution, comme dans cet article de National Geographic : Comment la nature a inventé l’œil

Le flagelle de la bactérie :

De ces 23 protéines, il s’avère que seules 2 sont uniques au flagelle. Toutes les autres ressemblent de très près aux protéines qui ont d’autres fonctions dans la cellule. Ce qui veut dire que la grande majorité des composants nécessaires pour faire un flagelle pourraient déjà être présents dans la bactérie avant que sa structure soit apparue.

Voila qui remet les choses à leur place.

L’origine de la vie

Le summum de la complexité irréductible est l’origine même de la vie. Pour les tenants du dessein intelligent, il est impossible que les propriétés de la matière inerte aient pu déboucher sur la vie.

C’est oublier les nombreux intermédiaires entre molécule inerte et système réellement vivant.

Biochimie

Il y a un continuum entre les produits de la chimie organique et la biochimie, toutes deux basées sur le carbone. On sait synthétiser toutes les briques élémentaires de la vie en laboratoire : acides aminés assemblés en protéines, nucléotides assemblés en acides nucléiques (ADN, ARN), etc.

Or la « soupe primitive ou primordiale » de Miller a montré qu’il est possible de fabriquer spontanément les briques élémentaires de la vie (acides aminés, acides nucléiques, acides gras…).

De plus, ces briques élémentaires semblent être plus abondantes qu’on ne l’imaginait dans l’univers, puisqu’on en retrouve dans les météorites. La Terre ne serait donc pas l’unique foyer de fabrication des briques élémentaires de la vie.

Deux choses et deux seulement caractérisent la vie sur Terre :

  1. Une frontière qui sépare un milieu intérieur et un milieu extérieur
    On montre, in vitro, que des acides gras dans un milieu aqueux s’organisent spontanément en liposomes. C’est l’origine de la membrane cellulaire.
  2. La capacité à se reproduire (acide nucléiques : ARN ou ADN) :
    Un monde à ARN aurait préexisté au monde à ADN qu’on connait aujourd’hui. Un monde où les ribozymes, composés à la fois d’ARN et de protéines ont vraisemblablement joué un rôle. Ce monde à ARN existe cependant encore : certains virus reposent toujours sur l’ARN.

A la lumière de ces découvertes, on ne parle plus d’une cellule originelle unique (L.U.C.A.S n’a jamais été plus qu’un concept théorique venu de la cladistique), mais de populations d’entités pré-cellulaires, qui ont évolué vers les cinq modèles de cellules connus aujourd’hui : archées, bactéries, champignons, végétaux, animaux.

En outre, il ne faut pas négliger l’extrême diversité des virus, dont certains ont pu intervenir dans l’évolution. On se demande par exemple si les virus géants n’auraient pas joué un rôle dans la naissance des premières cellules eucaryotes. D’autre part, certains virus ont une phase où leur ADN s’insère dans celui de leur hôte, ce qui peut conférer de nouveaux caractères à celui-ci.

Entre les éléments de la chimie organique et la vie proprement dite définie comme ci-dessus…

… On a découvert toute une variété d’entités non cellulaires aux frontières avec la vie :

  • Les prions sont de simples protéines et provoquent pourtant des maladies, comme celle de la vache folle.
  • Les satellites, les plasmides et les transposons sont des morceaux d’ADN ou d’ARN capables de voyager d’un organismes à un autre.
  • Les viroïdes sont de petites séquences d’ARN circulaire parasites qui ‘vivent » aux dépends des végétaux comme la pomme de terre.
  • Il existe même des virus géants presque aussi gros que des bactéries, et eux-même infectés par des virus plus petits (phages).

Même si l’origine de la vie pose encore de nombreuses questions à la science, il n’est donc pas improbable que la vie ait pu émerger de la matière inerte sans recourir à une intervention surnaturelle.

Les véritables motivations des créationnistes

Le positionnement finaliste adopté par un évolutionniste comme Teilhard de Chardin par exemple, a donc été reconditionné par les créationnistes pour réfuter la sélection naturelle. Un comble! Mais le plus grave n’est pas là.

Ce type d’argument a conduit aux États-Unis à une demande de législation contre l’utilisation des organes « à contre-emploi ».
Plus précisément, il s’agit d’interdire d’utiliser un organe non conformément à ce à quoi le « designer » l’aurait destiné. Législation contre l’avortement, contre l’homosexualité…
On en arrive à un scientisme paradoxal, où la loi se voit « biologisée » au nom d’une science providentialiste. Laquelle, de ce fait, n’est pas une science.

Si on est loin des sciences, on est en fait assez loin aussi de la religion, mais totalement dans l’intolérance. Les créationnistes ont transformé l’intelligent design en outil politique. Voila pourquoi il faut traquer ses failles. Que les créationnistes croient ce qu’ils veulent, mais qu’ils le fassent en privé.

« Il faut revenir aux valeurs chrétiennes »

Des créationnistes qui ne sont pas à une contradiction près

Étonnamment, les conservateurs se réclamant de l’Intelligent Design sont homophobes, alors que de nombreuses espèces animales pratiquent ce type de relations (au moins 450), mais n’ont rien contre les OGM.

Pourtant, implanter un gène de méduse dans le patrimoine d’une souris pour la rendre fluorescente n’a rien de « naturel ». Ainsi, le « designer » n’a pas voulu que les souris soient vert fluo. N’est-ce pas aller contre sa volonté que de détourner le rôle de la peau des rongeurs? Même dans un but de recherche médicale?

A partir de 1992, la GFP est devenue en quelques années l’un des outils les plus puissants de la biologie moléculaire et cellulaire. A tel point qu’elle fut l’objet du prix Nobel de chimie en 2008.

7-Soyons relativistes jusqu’au bout!

Si le créationnisme devait un jour être enseigné dans les classes françaises, aux côtés de l’évolution, alors les autres cosmogonies devraient également être enseignées. Grecque, Maya, Hindoue, Babylonienne, Égyptienne, Dogon, Aborigène, Viking, Chinoises, Sibéro-mongole, Shintoïste…

Les créationnistes veulent du relativisme? On va leur en donner! Pourquoi la Genèse aurait-elle plus de poids que les autres?

Oeuf cosmique, démembrement d’un géant, chaos primordial… Chaque peuple, chaque civilisation a une mythologie, une cosmogonie et une anthropogonie qui lui sont propres, issues de son imaginaire et de sa culture et justifiant ses traditions.

Transcendance et raison

Al-Fârâbî au Xe siècle, Averroès et Moïse Maïmonide au XIIe, Thomas d’Aquin au XIIIe, les philosophes des Lumières au XVIIIe et bien d’autres encore à travers l’Histoire l’ont tous proclamé :

S’il y a Quelqu’un là-haut, et qu’il nous a doués de raison, c’est pour nous en servir.

Cela vaut pour les sciences de la nature : l’explication qui rend le mieux compte des faits en paléontologie, embryologie, génétique, immunologie, biologie moléculaire, et l’ensemble des sciences du vivant est l’évolution, pas le récit de la Genèse.

Que la religion s’occupe de religion et laisse la science aux scientifiques. L’école laïque enseigne les sciences. Libre aux parents d’inscrire leurs enfants au catéchisme en parallèle, mais ne mélangeons pas tout. Le créationnisme, originel ou sous la forme de l’Intelligent Design, n’a rien à faire dans les classes de sciences de l’éducation nationale, ni dans les amphi des fac de science.

Qu’est-ce qui est important pour les croyants? De savoir comment sont arrivés les chauve-souris et l’ornithorynque sur Terre, ou bien le message de paix et d’amour des trois monothéismes? Si déjà les religieux respectaient ce dernier…

8-Enseigner l’évolution

Les moyens de réfuter le créationnisme sont donc nombreux. En revanche, l’enseignement de l’évolution n’est pas simple pour autant. Les programmes introduisent différents concepts progressivement avant que le mot évolution ne soit prononcé pour la première fois, en troisième : espèce, réseau trophique, milieu écologique, fossiles, hérédité… Le but est de s’adapter au degré de maturité des enfants au fur et à mesure de leur parcours scolaire.

Un catalogue de résultats scientifiques

L’ennui est que la façon dont sont conçus les programmes de l’EN favorise plus l’enseignement d’un catalogue de résultats scientifiques, qui peuvent passer alors pour des croyances, qu’une mise en application de la démarche scientifique de type La main à la pâte ou Les petits débrouillards. On ne met pas les enfants en situation de comprendre COMMENT ces résultats ont été obtenus.

Ce n’est pas Internet qui est responsable de l’incompréhension croissante de la rationalité et de la pensée scientifique dénoncées par Pascal Picq.

Et si les jeunes trouvent tout et n’importe quoi (dont des sites créationnistes) sur Internet, sans savoir hiérarchiser ce qu’ils trouvent, au point de verser dans le complotisme, c’est aux enseignants, à tous les enseignants, et pas seulement les professeurs documentalistes ou de techno de les aider à organiser leurs connaissances dans le contexte numérique. Mais les profs y sont-ils réellement préparés?

Sources pour aller plus loin :

Sur le récit créationniste

À partir de quelques exemples vécus et de données frappantes portant sur l’ampleur de la réaction créationniste dans le monde, mais aussi dans notre pays, qui se croit à tort protégé, on saisira mieux à quel point la rationalité et la pensée scientifique s’avèrent de moins en moins bien comprises et, pis encore, de plus en plus menacées. Sur quels arguments s’appuient les créationnistes ? Ils ne datent pas d’hier, mais quelles sont leurs formes contemporaines ? Et, surtout, qu’est-ce qui permet de les récuser ?

Sur la complexité irréductible

Sur la théorie de l’évolution

La formation de notre planète est estimée à 4,578 milliards d’années, et l’apparition des traces de vie est attestée à 2,7 milliards d’années. Mais la Terre n’a pas toujours été peuplée de la même façon, elle a notamment connu différentes périodes d’extinctions massives.
Si l’évolution existait avant Darwin, il est celui qui l’a révolutionné. Mais il n’est pas le seul, et la théorie de l’évolution a connu de nombreuses branches et adversaires. Mais pourquoi continuons-nous de parler de la « théorie » de l’évolution?
Qu’est-ce qui conduit une espèce à apparaître, à perdurer, à disparaître à évoluer?

Prion, viroïde, virus et origines de la vie

Les virus sont des parasites obligatoires qui peuvent infecter tous les organismes : les Eucaryotes, les Bactéries, les Archées, et même certains virus. Ils sont un vecteur très important de l’évolution.
Le projet Virus-X a pour objectif de découvrir de nouvelles populations virales dans les environnements extrêmes. Par utilisation de la métagénomique et de la bio-informatique, les chercheurs espèrent améliorer nos connaissances des écosystèmes microbiens et découvrir de nouvelles enzymes utiles pour les biotechnologies.

Pour quelques espèces virulentes, combien d’autres vivent autour de nous, en nous, et ce certainement depuis l’origine du vivant ? Il y a plus de virus sur Terre que d’étoiles dans la galaxie. Les virus sont partout, et sont surtout beaucoup plus complexes qu’on ne l’imaginait, à tel point que l’on se demande, aujourd’hui, si les virus ne sont pas à l’origine de la vie.

Leur découverte de virus géant il y a 15 ans a permis de défricher ce qu’ils appellent eux-mêmes « la matière noire de la biologie ». Ces virus, de la taille d’une bactérie, en sommeil depuis parfois plus de 30 000 ans, remettent en question non seulement l’apparition de la vie, mais aussi le modèle de l’évolution cellulaire génétique.

Évolution humaine

Il y a trois millions d’années, vivait dans l’Afar, une région qui aujourd’hui forme l’Éthiopie, un groupe d’australopithèque… afarensis donc… un mot barbare pour définir une espèce entre le singe et l’homme, une espèce qui marche déjà sur ses pattes arrières et qui chasse, cueille et vit dans la savane à l’Est de l’Afrique.

En paléontologie humaine, les 15 dernières années ont été riches en découvertes. A leur lumière, les scientifiques ont dû revoir pratiquement tous les chapitres de l’histoire de l’humanité.

A mesure que les études s’accumulent, la frontière qui sépare les grands singes, et particulièrement les chimpanzés, des humains s’évapore. Pour autant, ces primates n’ont jamais été autant menacés. En se mobilisant, on peut encore les sauver.

L’évolution est différence au sein de l’espèce humaine : exemple, les Amérindiens d’Amérique du sud ont eu la peau qui s’est assombrie, ou encore le cas des Nordiques qui digèrent le lait même à l’âge adulte. Quels sont les processus qui ont guidé l’évolution de l’homme? Qu’en est-il aujourd’hui?

Le contenu d’une espèce est comme un nuage, il change en permanence.

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<MAJ du 24 août 2015 : Religion et économie>

Standard and Poor’s lance un indice des «valeurs catholiques». S&P, vous savez, une de ces agences qui se permettent encore de noter états et entreprises, tout en ayant encensé Madoff et en n’ayant pas été capables de voir venir la crise des subprimes. Avec un indice des firmes respectant les règles de l’investissement socialement responsable édictées par la Conférence des évêques des Etats-Unis, Standard and Poor’s veut donc promouvoir les valeurs catholiques. L’amour du prochain? La dignité de la personne humaine? La charité? La justice sociale? La solidarité? L’ouverture aux différences?

Que nenni!

Cet indice exclut d’emblée toutes les entreprises réalisant des bénéfices dans des activités liées à l’avortement ou à la contraception, à la production de programmes érotiques ou pornographiques […] et à la recherche liée aux cellules souches.

Les cathos US sont donc aussi extrémistes que leurs compatriotes protestants. Mais ne nous croyons pas à l’abri en France : souvenons-nous des anti genders et anti mariage pour tous et de leurs méthodes. L’amour du prochain n’est pas leur valeur cardinale non plus.

</maj>

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