Le ministre du Travail, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, François Rebsamen, a déclaré sur le iTélé, avant de récidiver sur Twitter :
Pour commencer, les contrôles existent.
Depuis près d’un an, je passe plus d’une heure chaque mois dans le bureau de ma référente Pôle Emploi. Offres d’emploi, candidatures, visites de forum pour l’emploi, formation continue et réseautage avec les associations professionnelles (stages, ateliers, journées d’études…), tout est décortiqué, tableau excel à l’appui. et gare à moi si je n’ai pas fait tout ce qui a été décidé au rendez-vous précédent. J’ai déjà pris de sacrés savons, comme jamais je n’en ai eu au travail.
Ce matin, exceptionnellement, notre rendez-vous devait être téléphonique. Mais l’impensable s’est produit, et j’ai donc décidé d’envoyer le mail suivant à ma référente :
Sujet : Notre rendez-vous téléphonique manqué
Bonjour
Ce matin à 11h30, j’étais devant mon ordinateur, téléphone à portée de main… mais ce dernier n’a pas sonné.
Je ne vous jette pas la pierre, un oubli, un contretemps sont toujours possibles, […]. Toutefois, je crains que si vous ne cochez pas je ne sais quelle case sur votre écran, le logiciel de Pôle Emploi ne me radie automatiquement pour non présentation à un rendez-vous.
Pour justifier cette croix je vous fais un petit topo :
- Les 30 candidatures spontanées précédentes ont suscité 6 accusés de réception, un message automatique d’absence et 5 réponses (dont 3 par courrier papier)
- J’ai rappelé une dizaine de bibliothèques. La réponse a été récurrente : « nous n’avons pas de recrutement en vue dans l’immédiat ». J’en ai profité pour me renseigner sur les équipes : présence de bénévoles, effectifs salariés… en terminant par un invitation à me faire signe si mes interlocuteurs avaient vent de quelque chose, dans leur commune ou ailleurs. C…S… m’a encouragé à candidater à la [BDP] : ils ont peut-être un fichier où ils piochent pour des remplacements à travers le département. J’avais connaissance de ce processus pour les administratifs. Si c’est aussi le cas pour les culturels, c’est une piste à creuser.
- Il me restait à candidater auprès des plus grandes villes [du département], cela correspond aux 9 candidatures à raison de 3 par semaine. […].
- Les offres redeviennent plus nombreuses avec la rentrée, mais entre un contrat de trois jours (rédacteur), un CDI à 15h (chargé de communication) ou encore 90 jours à mi-temps à Saint-Malo (attaché de presse) et les compétences manquantes ailleurs, je n’ai finalement répondu qu’à une offre, à B… , qui cherche le futur directeur de sa médiathèque.
- J’ai refondu tous mes CV sur le site de Pôle Emploi mardi matin. Coïncidence ou pas, une proposition d’emploi est tombée le soir même (bon, pour un poste en Dordogne, mais c’est encourageant : une mission de community manager). […]
Je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire et je garde en mémoire les prochaines échéances :
- Mardi 16 septembre : Atelier entretien avec A&A
- Mardi 23 septembre : Premier rendez-vous de la prestation « Objectif emploi » avec l’IBED
Cordialement
Après avoir envoyé mon mail suite au rendez-vous téléphonique manqué par la faute de ma référente, je pensais l’affaire close. Que nenni! La procédure de radiation automatique s’est enclenchée quand même. Les détails sont à lire ici : Pas joignable, c’est une blague?
M. Rebsamen est-il satisfait? Que lui faut-il de plus? Encore heureux que je puisse contacter ma référente directement par mail. Je n’ose imaginer si j’avais du me débrouiller avec le 39 49.
Mais le plus drôle, c’est que c’est TF1 qui met le doigt dessus :
- En 2013, le montant total des fraudes aux allocations chômage est estimé à 100 millions € sur 33 milliards € d’allocations chômage (soit 0.3%).
- Dans le même temps, la fraude fiscale a représenté 3,6 milliards d’euros (36 fois plus que la fraude à PE, soit 3600%).
Conclusion d’un internaute :
Un ministre de gauche qui tape sur les chômeurs et TFI qui tape sur les fraudeurs fiscaux, c’est le monde à l’envers! Si ceux qui parlent de cancer de l’assistanat sont passés à gauche, alors TF1 se retrouve ami avec Besancenot?
Mais surtout M. le Ministre, croyez-vous vraiment qu’un renforcement des contrôles va créer le moindre emploi? Lutter contre les chômeurs ne va pas supprimer le chômage, dont on attend toujours l’inversion de la courbe.
Croyez vous sérieusement que c’est avec des contrats de trois jours, des CDI à 15h et des 90 jours à mi-temps qu’on va faire reculer le chômage? Auparavant, il fallait un mois pour rassembler un tel bêtiser. Aujourd’hui, c’est tous les jours que ce genre d’offres farfelues sort, validées par Pôle Emploi. Si ce dernier doit renforcer ses contrôles, c’est peut-être sur les recruteurs qui proposent de telles offres.
Aller plus loin : Les chômeurs ignoblement stigmatisés – La Croix, 09 septembre 2014
Articles liés :
<MAJ du 17 septembre 2014 : 100M€ ou 58M€ ?>
Le Parisien apporte des détails sur la fraude aux allocations chômage. D’abord en décrivant la nature de ces fraudes :
- Non déclaration des périodes d’activité,
- Gonflement des revenus à l’aide de faux documents salariaux, pour gonfler l’allocation correspondante.
Or le journal annonce que sur les 100M€ annoncés par TF1, la moitié a en fait été évitée, et que les nouveaux contrôles par recoupement avec les données de l’Urssaf devraient encore faire baisser le montant du préjudice :
Même si cette fraude subie, qui s’est élevée à 58,7 M€ (pour 41,8 M€ évités) en 2013, demeure à la marge, son montant amène à s’interroger, notamment sur la facilité avec laquelle certains fraudeurs ont pu agir. Pour tenter de limiter la casse, les conseillers de l’établissement public peuvent savoir, quasi automatiquement depuis la fin du mois de janvier, si les chômeurs dont ils ont la charge ont retrouvé un emploi. Les Urssaf adressent désormais chaque jour à Pôle emploi les déclarations préalables à l’embauche (DPAE), remplies par tout employeur en cas de recrutement d’un salarié.
En regard du montant total des allocations chômage (33G€), la fraude se réduit donc à Epsilon : 0.15% et est appelée à baisser encore.
La question des contrôles couvre donc deux réalités :
- La part des inscrits qui ne cherchent pas : 6.47%
- La part des inscrits qui fraudent : 0.15%
A mettre en regard de la fraude fiscale (3.6G€), certes, mais aussi à comparer à la fraude aux cotisations sociales (travail au noir : entre 16,8G€ et 20,8 G€ en 2012) :
le taux de recouvrements reste dérisoire: environ 1,5% de la fraude liée au travail dissimulé
Le MEDEF est décidément mal placé pour donner des conseils sur les chômeurs.
Reste que même si les fameuses 350 000 offres étaient pourvues, il resterait encore plus de 5 millions de chômeurs.
Articles liés :
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<MAJ du 23 octobre 2014 : 350 000 offres non pourvues. Vraiment?>
Je viens de découvrir que l’évaluation à 350 000 du nombre d’offres non pourvues était un fake (un de plus : ce billet et ses mises à jour égrainent les fakes).
Comme François Rebsamen est le ministre du Travail, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, je pensais que le chiffre qu’il citait provenait de ses services, d’autant que tous les médias reprenaient son chiffre. Que nenni! La fourchette a déjà subit les variations les plus fantaisistes auparavant, basées sur des « évaluations » au pifomètre :
Ce chiffre varie au fil de la conjoncture mais demeure toutefois assez stable. En mars 2009, Jean-François Copé, alors président du groupe des députés UMP, évaluait le nombre d’offres non pourvues à 400.000. En 2003, François Fillon, ministre du Travail, parlait de 300.000. En mai dernier, c’est le Medef qui a repris le flambeau, affirmant avoir 400.000 offres qui ne trouvent pas preneur.
Le Nouvel Obs précise :
1 – Il n’existe aucun recensement spécifique des emplois non pourvus :
Le nombre d’emplois vacants est le résultat d’estimations et d’extrapolations faites à partir de différentes études de la Dares et de Pôle Emploi, l’enquête annuelle « Besoin de Main-d’œuvre » notamment.
2 – C’est un chiffre fourre-tout :
Un emploi vacant, c’est juste un recruteur qui exprime un besoin à un instant donné, et non un poste bien défini durablement à pourvoir.
[…]
les emplois non pourvus sont très hétérogènes. Ils vont de l’ingénieur hautement qualifié au ramasseur de pommes saisonnier.
3 – C’est un vivier de jobs précaires ou rebutants
[Les politiques] oublient de dire que ce sont des projections et que beaucoup concernent des CDD très courts. »
Aujourd’hui 23 octobre 2014 à 20h23 précises, Pôle emploi annonce 212 744 offres en tout. Comment peut-il y en avoir 350 ou 400 000 de non pourvues? En outre, si le total des offres proposées reste relativement constant, ce ne sont pas les même d’un jour sur l’autre : la plupart sont pourvues, remplacées par de nouvelles offres chaque jour. De plus, ATD Quart-monde pointe les offres non pourvues pour des postes pourvus :
Les centaines de milliers d’autres offres non pourvues aux yeux de Pôle Emploi, si elles existent, le sont parce que les entreprises les ont en réalité pourvues en embauchant sans passer par Pôle Emploi, ou parce que certaines offres sont ineptes ou farfelues (par exemple une heure de ménage par semaine, le dimanche, en pleine campagne – véridique).
Ah oui! Les offres farfelues, ça je connais!
</maj>
Un grand débat… Malgré cela il reste des dizaines d’offres d’emploi non pourvues, ce qui est vraiment dommage à l’heure actuelle.
Certes, mais sur les 350 000 offres non pourvues (chiffre ministère du travail), combien sont du type contrats de trois jours, CDI à 15h et 90 jours à mi-temps? Ce chiffre est statistique et semble important, mais il faudrait se pencher sur ce que sont réellement ces offres non pourvues.
De plus, comme le dit Jacques-Henri Vandaele :
« Quand bien même ces 350 000 emplois seraient pourvus –à force de déqualification et de misère – il resterait plus de 5 millions de chômeurs. Aujourd’hui, on cherche de l’emploi comme on cherche de l’or, la rareté est la règle, la précarité sa conséquence. »
Je suis allé voir votre site. Les offres urgentes proposées à l’accueil sont pour la plupart des « postes avec perspectives », qui sont rémunérés entre 1400 et 2200€ mensuels, dans des secteurs variés. Je pense qu’elles seront rapidement pourvues. Bien des offres de Pôle Emploi sont beaucoup moins alléchantes.
En tout cas, merci pour votre commentaire 🙂
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