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Le livre papier, culture du pauvre ?

Photo Pesky Library (Licence CC)
Les usagers des bibliothèques ne viendraient que pour emprunter des livres papier selon Arnaud Nourry. Mais que fait donc cette jeune femme à la BML?

Me voici amené à ouvrir une nouvelle catégorie de billets dans ce blog. Je vais l’intituler “Bêtisier” pour rester poli, mais il s’agit des plus grosses con… âneries que ma veille me donne à lire. Honnêtement la catégorie “Détendons-nous” ne convient pas.

Après Yann Moix et sa conception étriquée du livre, voici Arnaud Nourry, PDG du groupe Hachette Livre, numéro deux mondial de l’édition au sein du groupe Lagardère (excusez du peu), donnant sa définition des bibliothèques :

“Ces lieux ont pour vocation d’offrir à des gens qui n’ont pas les moyens financiers, un accès subventionné par la collectivité, au livre. Nous sommes très attachés aux bibliothèques, qui sont des clients très importants pour nos éditeurs, particulièrement en littérature.
Alors, il faut vous retourner la question : est-ce que les acheteurs d’iPad ont besoin qu’on les aide à se procurer des livres numériques gratuitement ? Je ne suis pas certain que cela corresponde à la mission des bibliothèques.”

Les commentaires des lecteurs correspondent à mon propre ressenti :

Publié par Nobody :
Je trouve incroyable le mépris du PDG d’Hachette pour tous ceux qui fréquentent les bibliothèques. Je ne savais [pas] que nous étions tous des nécessiteux ni que tous les jeunes à qui on a offert une liseuse pour Noël ont forcément un gros pouvoir d’achat.
Si vous voyez quelqu’un sortir d’une bibliothèque, pensez à lui faire l’aumône d’une petite pièce de monnaie !

Publié par bzzzt :
scandalisé par ces propos.
réduire les bibliothèques à des lieux de cultures de substitution pour nécessiteux, ça en dit long sur la mentalité du bonhomme.
Et oui dans les bibliothèques les gens « volent » le contenu des livres que vous ne pouvez pas leur revendre, sérieux manque à gagner pour les éditeurs, supprimons les vite.
[…] Heureusement pour les éditeurs de livres, vu l’extrême pauvreté des catalogues, le prix aussi élevé que le la version papier, le matériel à acheter en plus, les DRM et l’impossibilité de prêter ou donner son livre numérique acheté (ce qui est un comble pour un support numérique); on est pas prêt de voir disparaître le bon vieux livre papier.

Concert de la Menestraudie, donné par l’ensemble musique Renaissance de l’école de Musique de Betton, Médiathèque Théodore Monod – Betton, 35.

Les enseignes low cost ne sont pas interdites aux “riches” et, de fait, on en trouve entre les rayonnages des Lidl et autres Lieder Price, avec la fierté de ne pas “se faire avoir” comme dans les enseignes avec beaucoup d’intermédiaires (et autant de marges). De la même manière, les bibliothèques sont ouvertes à tous, et il suffit de suivre le blog de la Bibliopathe pour trouver parmi ses Lecteurs chériiiiiiis des personnes qui n’ont pas de problèmes de fin de mois et n’ont jamais eu à se débattre avec le RSA. Et c’est très bien.

De plus, M. Nourry devrait savoir qu’en matière de loisirs culturels, ceux qui consomment le plus gratuitement (bibliothèques, téléchargement légal ou non) sont aussi ceux qui achètent le plus, comme le confirme Olivier Donnat (et vice versa, sauf Yann Moix ,-) ). Plus un usager emprunte de livres, CD, DVD à la bibliothèque municipale, plus il y a de probabilité qu’il ait aussi une bibliothèque personnelle bien fournie. En outre, le prêt de liseuses en bibliothèques a tendance à susciter l’achat. Si on suit le raisonnement du PDG de Hachette, cela signifie donc que l’usager ayant découvert la lecture numérique grâce à la bibliothèque, n’y remet plus jamais les pieds après, car il est passé dans la classe possédante… d’une liseuse? Et que pense le capitaine d’industrie, qui a déclaré la guerre à Amazon, de ces nombreux étudiants qui viennent réviser, ordinateur sous le bras, dans les grandes bibliothèques de lecture publique (Champs Libres, Mériadek, BML, BPI…) au lieu de rester dans leurs BU ? Pourquoi ne voit-on pas ce phénomène dans les FNAC, les Virgin Megastore ou… les Points Relay dans les gares ? Peut-être viennent-ils chercher autre chose que de simples livres !

Une animation basée sur les arts plastiques et le théâtre, où le bibliothécaire a un petit rôle vers la fin de la pièce.

Les bibliothèques sont des lieux de convivialité et de lien social (social ne veut pas toujours dire pauvre) où les usagers peuvent échanger, sur leurs lectures ou sur la vie du quartier, ou se retrouver juste pour le plaisir. Ce sont aussi des lieux de médiation sur la lecture et la culture : bébés lecteurs, heure du compte, accueils de classes, expositions, mois documentaire, spectacle vivant (musique, théâtre…), service de questions-réponses, etc. Je ne parle pas des bibliothèques universitaires ni des bibliothèques patrimoniales qui ont d’autres fonctions encore (archives ouvertes, dépôt légal, conservation…). Les bibliothèques de prêt ne sont pas une banque alimentaire du livre, son personnel n’est pas composé de chiffonniers de la culture. A mon tour de retourner la question : que font les éditeurs pour la promotion de la lecture, à part des annonces ringardes à la radio ? S’il existait des Gérard ou des Craypion pour la pub, nul doute que les livres IKSO seraient primés. Si demain toutes les bibliothèques disparaissaient d’un coup de baguette magique, est-il si sûr que les ventes de livres augmenteraient, car que resterait-il pour développer la lecture non scolaire :

  • Les rencontres d’auteurs à la FNAC
  • Les animations et la vraie médiation des petits libraires, de moins en moins nombreux, étant pris à la gorge par… les éditeurs !
  • le “Les clients ayant acheté cet article ont également acheté”… d’Amazon !

Le comble, c’est que M. Nourry est lui même fils de… bibliothécaire !

Pour aller plus loin : Livre numérique en bibliothèque : idées reçues …

Qu’en pensez-vous ? Le livre papier est il la seule culture du pauvre ? La seule mission des bibliothèques de prêt n’est-elle que de fournir des livres papiers, et exclusivement aux pauvres ? La bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive ou la BNF du XIXe étaient-elles réservées aux pauvres ? Tous les possesseurs de tablettes, PC, liseuses ou smartphones seront-ils soumis au futur impôt de 75 % de la nouvelle majorité?

BnF – La Salle ovale du site Richelieu a-t-elle été le lieu de rendez-vous de tous les Gavroche, des Jean Valjean et de tous les misérables des environs en 1830, 1848 et 1870 ?

Me voici amené à ouvrir une nouvelle catégorie de billets dans ce blog. Je vais l’intituler “Bêtisier” pour rester poli, mais il s’agit des plus grosses con… âneries que ma veille me donne à lire. Honnêtement la catégorie “Détendons-nous” ne convient pas.

Après Yann Moix et sa conception étriquée du livre, voici Arnaud Nourry, PDG du groupe Hachette Livre, donnant sa définition des bibliothèques :

“Ces lieux ont pour vocation d’offrir à des gens qui n’ont pas les moyens financiers, un accès subventionné par la collectivité, au livre. Nous sommes très attachés aux bibliothèques, qui sont des clients très importants pour nos éditeurs, particulièrement en littérature.

Alors, il faut vous retourner la question : est-ce que les acheteurs d’iPad ont besoin qu’on les aide à se procurer des livres numériques gratuitement ? Je ne suis pas certain que cela corresponde à la mission des bibliothèques.”

Les commentaires des lecteurs correspondent à mon propre ressenti :

Publié par Nobody :

Je trouve incroyable le mépris du PDG d’Hachette pour tous ceux qui fréquentent les bibliothèques. Je ne savais [pas] que nous étions tous des nécessiteux ni que tous les jeunes à qui on a offert une liseuse pour Noël ont forcément un gros pouvoir d’achat.

Si vous voyez quelqu’un sortir d’une bibliothèque, pensez à lui faire l’aumône d’une petite pièce de monnaie !

Publié par bzzzt :

scandalisé par ces propos.

réduire les bibliothèques à des lieux de cultures de substitution pour nécessiteux, ça en dit long sur la mentalité du bonhomme.

Et oui dans les bibliothèques les gens « volent » le contenu des livres que vous ne pouvez pas leur revendre, sérieux manque à gagner pour les éditeurs, supprimons les vite.

[…] Heureusement pour les éditeurs de livres, vu l’extrême pauvreté des catalogues, le prix aussi élevé que le la version papier, le matériel à acheter en plus, les DRM et l’impossibilité de prêter ou donner son livre numérique acheté (ce qui est un comble pour un support numérique); on est pas prêt de voir disparaître le bon vieux livre papier.

Les enseignes low cost ne sont pas interdites aux “riches” et, de fait, on en trouve entre les rayonnages des Lidl et autres Lieder Price, avec la fierté de ne pas “se faire avoir” comme dans les enseignes avec beaucoup d’intermédiaires (et autant de marges). De la même manière, les bibliothèques sont ouvertes à tous, et il suffit de suivre le blog de la Bibliopathe pour trouver parmi ses cheeerr lecteurs des personnes qui n’ont pas de problèmes de fin de mois et n’ont jamais eu à se débattre avec le RSA. Et c’est très bien.

De plus, M. Nourry devrait savoir qu’en matière de loisirs culturels, ceux qui consomment le plus gratuitement (bibliothèques, téléchargement légal ou non) sont aussi ceux qui achètent le plus (et vice versa). Plus un usager emprunte de livres, CD, DVD à la bibliothèque municipale, plus il y a de probabilité qu’il ait aussi une bibliothèque personnelle bien fournie. En outre, le prêt de liseuses en bibliothèques a tendance à susciter l’achat. Si on suit le raisonnement du PDG de Hachette, cela signifie donc que l’usager ayant découvert la lecture numérique grâce à la bibliothèque, n’y remet plus jamais les pieds après, car il est passé dans la classe possédante… d’une liseuse? Et que pense le président du SNE de ces nombreux étudiants qui viennent réviser, ordinateur sous le bras, dans les grandes bibliothèques de lecture publique (Champs Libres, Mériadek, BML, BPI…) au lieu de rester dans leurs BU ? Pourquoi ne voit-on pas ce phénomène dans les FNAC, les Virgin Megastore ou… les Point Relay dans les gares ? Peut-être viennent-ils chercher autre chose que de simples livres !

Les bibliothèques sont des lieux de convivialité où les usager peuvent échanger, sur leurs lectures ou sur la vie du quartier. Ce sont aussi des lieux de médiation sur la lecture et la culture : bébés lecteurs, heure du compte, accueils de classes, expositions, mois documentaire, spectacle vivant (musique, théâtre), service de questions-réponses, etc. Je ne parle pas des bibliothèques universitaires ni des bibliothèques patrimoniales qui ont d’autres fonctions encore (archives ouvertes, dépôt légal, conservation…). Les bibliothèques de prêt ne sont pas une banque alimentaire du livre, son personnel n’est pas composé de chiffonniers de la culture. A mon tour de retourner la question : que font les éditeurs pour la promotion de la lecture, à part des annonces ringardes à la radio ? S’il existait des Gérard ou des Craypion pour la pub, nul doute que les livres IKSO seraient primés. Si demain toutes les bibliothèques disparaissaient, est-il si sûr que les ventes de livres augmenteraient, alors qu’il n’y aurait plus personne pour développer la lecture non scolaire?

Qu’en pensez-vous ? Le livre papier est il la seule culture du pauvre ? Les bibliothèques de prêt ne sont-elles faites que pour les pauvres ? La bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive ou la BNF du XIXe étaient-elles réservées aux pauvres ? Tous les possesseurs de tablettes, PC, liseuses ou smartphones seront-ils soumis au futur impôt de 75 % de la nouvelle majorité?

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2 commentaires sur “Le livre papier, culture du pauvre ?”

  1. « Le livre papier est il la seule culture du pauvre ? La seule mission des bibliothèques de prêt n’est-elle que de fournir des livres papiers, et exclusivement aux pauvres ? »

    Bien sûr que oui, c’est une absolue certitude.

    C’est bien pourquoi, on voit beaucoup de SDF Bac ++ à la BNF, venant du monde entier qui plus est. Avec costume trois pièces, pour un grand nombre.

    Que veux-tu, le pauvre d’hier, n’est plus le pauvre d’aujourd’hui. :o)

    Parce que le PDG de Hachette ignore tout de ce qui se passe dans une bibliothèque, il se permet d’énoncer de véritables absurdités.

    Le moindre bon sens t’explique que le pauvre est trop pauvre pour venir en bibliothèque. Il doit bosser pour survivre. Donc, il n’a pas le temps de lire.
    Que le riche bosse pour s’enrichir encore plus, donc il n’a pas le temps de lire non plus.
    Reste les classes moyennes qui, elles, ont le temps de lire.

    Des gens qui achètent des livres ET complètent leurs lectures à la bibliothèque.
    Eh oui, celui qui n’aime pas lire ne vient pas à la bibliothèque.

    Peut-être que le rabot financier du coût de la vie pousse de plus en plus de lecteurs dans les rayonnages des bibliothèques, pour équilibrer leurs budgets… mais c’est en attendant des jours meilleurs.

    C’est là ce que ne voit pas le PDG de Hachette. Pour lui, celui qui ne paye pas son livre (un livre Hachette bien sûr) n’est qu’un pauvre.
    Logique.

    Logique comptable. Logique comptable et financière.
    Qui calcule à court terme.

    Au lieu d’entretenir la clientèle pour la fidéliser, on préfère la mépriser. La rejeter hors du système de la lecture.

    Par chance, ou par habitude, les bibliothèques continuent à alimenter les lecteurs, à maintenir leur amour de la lecture et le marché des lecteurs. Ce n’est pas gagné pour les prochaines générations. De moins en moins de lecteurs, et surtout de moins en moins capables de lire du long.

    L’avantage des bibliothèques, c’est qu’elles peuvent s’appuyer sur le passé et continuer à collectionner les documents. Peu importe leur support, l’esprit de la collection demeure et demeurera.

    Pour Hachette, ce sera la fuite en avant. C’est déjà la fuite en avant. La surmultiplication des ouvrages vendus à de moins en moins d’exemplaires. Plus de travail, avec des bénéfices qui s’amoindrissent titre à titre. Face à une concurrence qui se déploie de manière féroce.

    L’avenir s’annonce sombre pour les vendeurs de livres papier. Très sombre.
    Il faut bien trouver un bouc émissaire, non ?

    Les gens incompétents ont toujours besoin de reprocher aux autres ce qui leur arrive.
    Au lieu de s’en servir comme tremplin, c’est plus pratique de leur cracher dessus.
    Ça montre combien ces personnes sont aux abois. Incapables qu’ils sont d’envisager un modèle avec des partenaires. Ils ne vivent plus que sur le seul mode binaire : je suis tout seul face à tous mes ennemis. Chevalier blanc contre la noirceur du monde.

    Cervantés en parlait, je crois, lorsqu’il envoyait son héros attaquer des moulins à vent.
    Don Quichotte… Don Qui Chocotte !

    Il faut bien s’inventer des ennemis pour éviter son propre miroir.

    Bien cordialement
    B. Majour

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