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Le bibliothécais sans peine

Il y a quelques temps, sur la liste discothécaire.fr, une discussion très animée s’était lancée suite à un article proposé par l’un des membres : «Lettre ouverte aux maisons de disques même si elles n’ont rien demandé…»

Les réactions portaient notamment sur les questions de vocabulaire professionnel. J’avais proposé ma modeste participation avec un article du BBF (Bulletin des Bibliothèques de France) : « Le bibliothécais sans peine« . Cet article était rédigé sur le mode humoristique, façon méthode Assimil et mérite toujours d’être lu depuis sa parution en 2007 :

« Vous avez décidé de vous rendre à la bibliothèque. Armé de votre petite liste d’ouvrages à emprunter (pardon : de votre liste de références), vous vous apprêtez à visiter ce pays si proche et pourtant méconnu. Et vous vous en rendrez vite compte : ces gens-là ne parlent pas tout à fait comme vous. Le présent manuel propose une méthode simple qui vous permettra de maîtriser, en quelques leçons, l’essentiel du vocabulaire, et de vous débrouiller dans les situations les plus courantes. »

Assimil, le don des langues

Si les bibliothécaires sont des techniciens pointus… :

« L’accès à distance se fera de façon transparente, via un protocole Z 39-50 qui s’interfacera avec un entrepôt OAI. L’interface de catalogage sera un outil web avec un éditeur XML adapté pour le catalogage en EAD. »

« Monsieur le relieur, pour les tirés-à-part, je ne veux pas de passure en carton, ni même de bradel. Faites juste un double berçage, un emboîtage avec couvrure Buckram, et un ébarbage discret des tranches et de la gouttière, sans massicot. Pour les cahiers cousus, grecquage et couture sur rubans, comme d’habitude. Et pour une fois, soignez l’endossure et l’apprêture! L’ouvrabilité du dernier train laissait à désirer. »

… ils peuvent aussi être poètes :

« Dans la nouvelle ruche, le désherbage des usagés facilitera le butinage des usagers. « 

«Bibliothécaire c’est un métier» est la devise de ce blog. Comme tous les métiers, nous avons donc notre vocabulaire spécifique. De même qu’un marin ne dit pas cordage mais bout, amarre, filin ou garcette en fonction du contexte, nous ne parlons pas de revue mais de périodique. Par contre pour la douchette, nous n’avons pas de terme spécifique.

Néanmoins, si nous utilisons des termes techniques entre nous, une des premières règles de la médiation est d’utiliser un discours à la portée de nos usagers. Ainsi, on pourrait faire un « L’usager sans peine », où « les livres à rentrer » deviennent « les livres que vous rapportez ». Par exemple avec les tout jeunes enfants, je parle de CD-pour-écouter-de-la-musique et de CD-pour-jouer-sur-l’ordinateur. C’est quand même plus parlant que CD ROM pour eux. J’évite aussi de parler de cote sur le « dos » des livres, en préférant décrire ce qui est écrit sur l’étiquette sur le « côté ». C’est effectivement comme une langue étrangère. Il faut être toujours vigilant. Mais pour poursuivre la métaphore, quand on devient totalement bilingue, on passe sans effort du « Bibliothécais » au « L’usager » et vice-versa selon qu’on parle à un collègue ou à un lecteur. La nuance peut être encore plus fine : à l’usager je parlerai du catalogue, au bénévole de l’OPAC, et à la directrice du SIGB. J’ai parfois  l’impression d’être polyglotte, et cela fait aussi partie du métier.

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