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Médiation et musique à l’ère numérique (1) – nouveaux usages

Eagles Of Death Metal Liveplasma

Les Pays de la Loire ont réalisé une enquête sur les « Rapports des jeunes à la musique à l’ère numérique« . Les conclusions sont édifiantes, mais pas surprenantes. On pressentait ce qui ressort, mais ce travail chiffré ne peut pas être balayé d’un revers de main comme l’étaient les simples intuitions des geeks : tutelles comme directions ne peuvent plus se voiler la face.

L’enquête des PDL ne se limite pas à l’écoute de musique

Les 2000 jeunes de 12 à 19 ans interrogés dans cette enquête utilisent en priorité leur smartphone pour écouter de la musique. Le baladeur MP3 est remisé au grenier. S’il téléchargent encore des fichiers qu’ils échangent en bluetooth (86%), l’écoute en streaming est passé premier (98%), principalement via Youtube au détriment de Deezer et Spotify. En musique, Facebook leur sert essentiellement pour la dimension prescriptive de leur réseau d’amis. 47% déclarent ne jamais acheter de CD, et les 53% restants sont loin d’en acheter des dizaines : seuls 17% en achètent plus de deux par an.

Youtube est utilisé par 98 % des jeunes pour écouter de la musique :

Cette plateforme de vidéos en ligne créée en 2005, et rachetée par Google l’année suivante, est devenue le leader incontestable de l’écoute de musique en ligne chez les jeunes, et ce malgré une qualité sonore ordinaire. Cependant les recherches de musiques en ligne se faisant majoritairement sur le moteur de recherche Google, les vidéos You tube apparaissent parmi les 1ers résultats, ceci additionné au plaisir de regarder une vidéo pour accroître l’expérience musicale, ont fait de You Tube le champion des plateformes utilisées par les jeunes pour écouter de la musique

Rapport des jeunes à la musique à l’ère numérique, p.14

Il faut être honnête, avec 30 millions de morceaux, Youtube est de loin l’un des meilleurs moyens de découvrir de la musique. Au delà de phénomènes éphémères comme Psy, de nombreux artistes ont ainsi été révélés par Youtube, non seulement Justin Bieber, mais aussi Arctic Monkeys, Adèle, Irma ou Fauve. En outre, on apprend ces jours-ci que Youtube se lance à son tour dans les streaming audio (pour l’instant seulement aux Etats Unis) :

YouTube à l’inverse a découvert lors de la phase de test qu’il ne devait pas se concentrer seulement sur la vidéo. Les auditeurs veulent en effet pouvoir profiter du son sans les images quand ils conduisent, font du sport ou craignent d’épuiser leur batterie ou leur forfait de données mobiles.

Au delà des prescripteurs habituels (le disquaire du coin ou les revues et sites spécialisés), comment découvrir de nouveaux horizons? Un excellent moyen de faire fonctionner la sérendipité est d’utiliser des interfaces reposant sur les bases de données des plateformes, comme Every Noise at Once, que j’ai découvert par France Inter :

Il a répertorié (pour l’instant) 1 385 genres de musique différents, et les a affichés sur une grande carte interactive. Il a fallu plus de deux ans de travail et de développement pour aboutir à cette carte impressionnante, basée presque exclusivement sur des algorithmes mathématiques qui analysent les styles avant de les classer. L’année dernière, elle comptait « seulement » 1 200 styles différents, et les « terra incognita » sont désormais de plus en plus rares.

Chaque style est lié à des artistes, chaque artiste à des extraits. Si un extrait nous plait, un lien nous mène sur Spotify pour entendre en entier.

Il y a aussi Live Plasma, également à base de graphes, non seulement pour la musique, mais également pour les livres et le cinéma, à partir des données d’Amazon :

LivePlasma is a flash-visualization based on Amazon’s e-commerce service that explores links between music artists/bands, movies, directors, actors, books, and authors. It uses recommendations and other data directly from Amazon. The interface allows users to search for favorites and see the connections to other related and similar media.

D’autre part, on peut utiliser les plateformes de streaming tels Deezer et Spotify, comme systèmes de recommandation. Si ces plateformes nous laissent un peu démunis au premier abord, à mesure qu’on les utilise avec les musiques qu’on connaissait déjà ou qu’on a découvert par d’autres canaux (sérendipité, bouche à oreille face à face ou en ligne…), elles arrivent petit à petit à proposer des musiques susceptible de nous intéresser de manière plus fine que Youtube ; à la façon de la maxime d’Amazon : « Les clients ayant acheté cet article ont également acheté ». D’autre part, certains albums sortent en avant première (quelque morceaux pour donner l’eau à la bouche), des playlists sont concoctées autour de genres ou d’ambiances, façon feu RF8, et des événements – surtout des concerts – sont organisés comme si on était entre les murs de la FNAC, il y a parfois aussi des petits plus, comme les paroles des chansons (lyrics). En fait, je parle surtout de Deezer, car il m’est impossible de tester toutes les plateformes, notamment les payantes, tant elles sont nombreuses. Si la presse a un peu parlé de Google et beaucoup de Apple, de nombreux acteurs moins connus se sont engouffrés dans la brèche, chacun avec ses spécificités :

(cliquez pour agrandir)

Trois étages se superposent actuellement en musique : CD, mp3 et streaming. Alors que le premier est en plein déclin et le troisième en pleine ascension, autour du second qui n’est que transitoire, comment se positionnent les bibliothèques? Ce sera l’objet du prochain billet.

<MAJ du 19 novembre : au Bataclan>

Des inepties que j’ai entendues 10 fois dans les infos du lendemain des attentats : « Le groupe qui jouait au Bataclan hier soir fait du rock californien ». Non, Eagles Of Death Metal n’est pas l’interprète de Hotel California… et Eagles n’est pas un groupe de métal, et ne jouait pas au Bataclan ce week end. Le groupe californien Eagles Of Death Metal est connu pour son humour rabelaisien, joue du rock-garage et a collaboré avec plusieurs grands noms de la musique. (Merci à Mattis Unn pour la précision du courant musical, que j’ai pu vérifier grâce aux outils énumérés dans ce billet) :

Click the » on an artist to go to their Spotify page

Pour écouter des groupes similaires :

« Le Bataclan où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité » précise le communiqué de revendication de Daech. Non, nous ne renoncerons pas à la musique. Raison de plus pour en assurer la promotion dans nos établissements.

Pensées pour les victimes, les blessés, les rescapés. Condoléances aux familles.

</maj>

Aller plus loin :

Tout le dossier :

  1. Quelle place pour la musique en bibliothèques? (1)
  2. Quelle place pour la musique en bibliothèques? (2)
  3. Bibliothèques et streaming : musique 2.0?
  4. Médiation et musique à l’ère numérique (1) – nouveaux usages
  5. Médiation et musique à l’ère numérique (2) – streaming
  6. Médiation et musique à l’ère numérique (3) – recommandation

1 commentaire pour “Médiation et musique à l’ère numérique (1) – nouveaux usages”

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