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Nouveaux usages et politique (1)

Les médias sociaux tiennent aujourd’hui un grand rôle pour contourner la censure et la répression dans les pays autoritaires et les dictatures.

Outre le contexte socio-économique, l’un des détonateurs de la révolution tunisienne, dite révolution du jasmin, a été les révélations de Wikileaks, montrant comment M. Ben Ali et sa famille avaient noyauté les richesses du pays. Avant la fuite de ce dernier en Arabie Saoudite, tout le monde en France se défaussait quand la question de savoir si la Tunisie était une dictature était posée. Le président Ben Ali avait réussi à fermer Youtube et Daillymotion et cherchait à fermer Facebook en Tunisie. Est-ce que ce sont là les méthodes d’une démocratie? Dans toutes les dictatures, des auteurs de blog sont emprisonnés et leurs blogs fermés. C’était le cas en Tunisie. Tous les moyens sont bons pour la censure. Les autorités tunisiennes utilisaient ainsi le piratage : elles diffusaient de fausses vidéos anti-Ben Ali munies de chevaux de Troie. Toutes les personnes cliquant sur la vidéo pour la visionner, mais aussi celles qui se contentaient de les taguer « J’aime » se retrouvaient infectées. Facebook a tenu suffisamment longtemps pour que les manifestants puissent l’utiliser pour échanger leurs vidéos, en particulier celles qui montrent la police tirant sur les manifestants.

Les premières vidéos qui sont parvenues à l’Occident sont en effet celles que les manifestants eux-même ont réalisées avec leurs téléphones portables. Le même phénomène s’était déjà produit pendant la Révolution Orange en Ukraine 2004, où les seules images qui nous parvenaient dans le journal de 20h étaient celles réalisées par les manifestants, et où les réseaux sociaux étaient utilisés pour organiser les rassemblements. Il y a d’autres exemples : révolution verte en Iran (2009), moines Birmans (2007), Biélorussie (2006),  etc. Sans se prononcer sur les tenants et les aboutissants de ces révolutions (ce n’est pas l’objet de ce blog), force est de constater la place que « les  nouveaux usages », dont on se gargarise en réunion, y tiennent.

LeSoirShameBelgique
"La première manifestation belge née sur internet n’a pas été victime d’un bug"

Et il n’y a pas que chez les dictateurs que les réseaux sociaux ont un usage citoyen : Dimanche dernier (23 janvier 2011), 34.000 personnes se sont retrouvées dans les rues à Bruxelles, non pas pour un apéro festif, mais pour une marche intitulée « Shame », car cela fait plus de 200 jours que la Belgique est sans gouvernement. Au delà de l’approche humoristique des vidéos sur Youtube, comme l’appel de Benoît Poelvoorde à ne plus se raser, Shame a été organisé en grande partie via les réseaux sociaux, Facebook en tête. Ainsi, Le Soir qui évoque « la première manifestation belge née sur internet » estime que « la web génération montre qu’elle ne gère pas sa vie en cercle fermé, loin des préoccupations du monde extérieur » (voir la Une du Soir ci contre en pdf).

Si les outils du Web, qu’on l’appelle 2.0 ou pas, n’étaient que des gadgets pour Geeks et adolescents boutonneux, ou une lubie de bibliothécaires hybrides, comme le pensent encore de trop nombreux bibliothécaires classiques et d’élus, pourquoi les régimes autoritaires s’en méfieraient-ils autant? Les offrir en bibliothèque est donc aussi fondamental que d’offrir la presse d’information et toutes les ressources qui servent à former l’esprit critique de citoyens responsables, qui sont le socle de nos démocraties.

Pour cela, il faudrait que l’usage de logiciels portables sur clé USB soit possible, que le flash soit utilisable, que l’accès Wifi ne soit pas coupé toutes les cinq minutes, etc, etc. Or c’est loin d’être le cas dans toutes les bibliothèques, en particulier municipales. Proposer des postes « multimédia » en accès libre ne sert à rien si le technicien informatique restreint tout, ou si personne n’installe d’utilitaires en plus de Windows nu. Ne parlons pas de Linux, les élus vont croire que c’est un gros mot, comme Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, donc tutelle des BU,  qui affirme sans rire sur le plateau de Guillaume Durand mercredi dernier :  »Facebook n’existait pas il y a un an ».

Le mulot de M. Chirac est toujours d’actualité et depuis 1996, les choses n’ont guère évolué.

NB : Facebook a été fondé en 2004 et il existe une page Facebook « vpecresse » … depuis quatre ans.

Les médias sociaux tiennent aujourd’hui un grand rôle pour contourner la censure et la répression dans les pays autoritaires et les dictatures.

Outre le contexte socio-économique difficile, le détonateur de la révolution tunisienne a été les révélations de Wikileaks, montrant comment Ben Ali et sa famille avaient noyauté les richesses du pays. Ces derniers jours en France, tout le monde se défaussait quand la question de savoir si la Tunisie était une dictature était posée. Le président Ben Ali avait réussi à fermer Youtube et Daillymotion et cherchait à fermer Facebook en Tunisie. Est-ce que ce sont là les méthodes d’une démocratie? Dans toutes les dictatures, des auteurs de blog sont emprisonnés et leurs blogs fermés. C’était le cas en Tunisie. Tous les moyens sont bons pour la censure. Les autorités tunisiennes utilisaient ainsi le piratage : elles diffusaient de fausses vidéos anti-Ben Ali munies de chevaux de Troie. Toutes les personnes cliquant sur la vidéo pour la visionner, mais aussi celles qui se contentaient de les taguer « J’aime » se retrouvaient infectées. Facebook a tenu suffisamment longtemps pour que les manifestants puissent l’utiliser pour échanger leurs vidéos, en particulier celles qui montrent la police tirant sur les manifestants [capture d’écran]. Les seules vidéos qui sont parvenues à l’Occident sont en effet celles que les manifestants eux-même ont réalisées avec leurs téléphones portables. Le même phénomène s’était déjà produit pendant la Révolution Orange en Ukraine [année?], où les seules images qui nous parvenaient dans le journal de 20h étaient celles réalisées par les manifestants, et où les réseaux sociaux étaient utilisés pour organiser les rassemblements. Il y a d’autres exemples : révolution verte en Iran, (révolution des œillets), Biélorussie 2006, moines Birmans (?)

Si les outils du Web, qu’on l’appelle 2.0 ou pas, n’étaient que des gadgets pour Geeks et adolescents boutonneux, ou une lubie de bibliothécaire hybride, comme le pensent encore de trop nombreux bibliothécaires classiques et d’élus, pourquoi les régimes autoritaires s’en méfieraient-ils autant? Les offrir en bibliothèque est donc aussi fondamental que d’offrir la presse d’information et toutes les ressources qui servent à former l’esprit critique de citoyens responsables, qui sont le socle de nos démocraties.

3 commentaires sur “Nouveaux usages et politique (1)”

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