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Fake news vs fact-checking

DesParoleEtDesActes2014-10-02

Malgré les fake news, on découvre qu’une frange de plus en plus importante de la population se contente des réseaux sociaux comme source exclusive d’information. Après Charlie, on a pu penser que les seuls à se fier aveuglément aux réseaux sociaux et aux sources « alternatives », par défiance envers les sources « officielles », étaient certains lycéens. Deux élections sont venues montrer que le phénomène était en fait déjà beaucoup plus répandu : celle qui a conduit au Brexit au Royaume-Uni (post-vérité), et celle de M. Trump aux USA (faits alternatifs). Au point que France Culture s’est demandé « Pour qui les GAFA vont-ils nous faire voter? »

Comment faire face?

Nous avons envisagé la censure des fakes news comme une solution possible, avant de devoir la rejeter :

Solution 1 : Que soufflent les vents d’un Internet civilisé

Solution 2 : le fact-checking

Le fact-checking, ce sont des journalistes qui vérifient la partie vérifiable des discours des politiques et des personnalités publiques, chose que tout un chacun pourrait faire grâce à Internet, mais que personne n’a le temps de faire. Exemple : la fable bidon de la famille au RSA qui gagne plus que celle au SMIC.

Origines

C’est une pratique qui est née aux Etats-Unis, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2008. Le principe a été importé en France pour l’élection suprême de 2012 (ça ne nous rajeuni pas). Mais ses origines remontent à quelques années plus tôt :

  • 1988 : La fabrication du consentement, d’Edward Herman et Noam Chomsky
  • 1994 : l’expérience The Annenberg Political Fact Check
  • 1995 : Daniel Schneidermann crée l’émission Arrêt sur images sur la Cinquième
  • 1996 : fondation de l’association Acrimed
  • 2003 : site web US Factcheck
  • 2007 : site web US Politifact
La fabrication du consentement, d’Edward Herman et Noam Chomsky

Une débauche de moyens?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne faut pas forcément disposer de moyens énormes pour vérifier ses sources. C’est ce qu’ont montré Les Décodeurs du Monde, à propos d’une image diffusée par Civitas. Pris la main dans le pot de confiture, l’association intégriste a tenté de justifier son « erreur »

en soulignant la difficulté de tracer l’origine des images, allant jusqu’à se plaindre de ne pas disposer des « moyens des médias du système » pour vérifier l’origine desdites images.

Les décodeurs ont refait la manip prouvant le fake. Petit précis de recherche d’images à l’intention de Civitas :

Pour arriver à cette conclusion, les moyens à disposition des « médias du système » étaient donc : un ordinateur, une connexion Internet, un logiciel de retouche basique, et quelques minutes. A condition, bien sûr, que la véracité de l’information soit la priorité, et non le message à faire passer.

Les moyens à disposition des « médias du système » étaient donc : un ordinateur, une connexion Internet, un logiciel de retouche basique, et quelques minutes.

Déléguer le fact-checking, un gain de temps pour l’internaute

Ce qui manque au lecteur lambda, finalement, c’est le temps, d’où l’intérêt des fact-checkers et débusqueurs de rumeurs comme Hoaxbuster. Mais si on manque de temps pour chercher la petite bête, on doit pouvoir reconnaître une intox rapidement quand on tombe dessus. Pour ceux qui n’ont pas la culture médiatique suffisante par manque de pratique, un autre révélateur de hoax, Debunkers des rumeurs, propose des conseils pour ne pas tomber dans les pièges des faiseurs de rumeurs : Conseils de base à l’apprenti Debunker.

Pour démêler vérité et mensonges dans les médias, les fact-checkers sont donc variés, même si plusieurs ont arrêté leurs activités depuis mon premier inventaire en 2014  :

    • Il y a aussi des initiatives individuelles dignes d’intérêt :
      • Désinformation : Pseudosciences, conspirations, propagande, canulars, emballement médiatique… sur le net et les réseaux sociaux
    • Enfin, certains médias n’ont pas de rubrique dédiée, mais peuvent faire du fact-checking ponctuellement, comme par exemple Le Figaro, à la suite d’un débat présidentiel.

« Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens, qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait, mais enfin nous éviterons le ridicule d’avoir trouvé la cause de ce qui n’est point. »
Histoire des oracles, Fontenelle – 1687

Histoire des oracles, Fontenelle – 1687

Les limites de l’exercice

Malheureusement, le fact-checking atteint aujourd’hui certaines limites :

Samuel Laurent, animateur de la rubrique « Les décodeurs » au Monde, admet que « la vérification n’a jamais été un remède miracle à la démagogie. Que des politiques mentent est tout sauf nouveau. Ce qui l’est, c’est plutôt le fait que des médias le remarquent et le pointent. Mais là encore, attention à la bulle filtrante : qui vérifie ? En réalité, quelques grands médias, et quelques acteurs universitaires ou citoyens. Et surtout, qui tient compte de cette vérification ? Malheureusement, pas grand monde ». Daniel Schneidermann admet lui aussi que le fact-checking est « impuissant » mais considère qu’il reste cependant « nécessaire »

Ce qu’on aimerait, c’est un fact checking qui ne soit plus réalisé en différé, sur des médias qui ne sont pas ceux où l’intox a été prononcée. En clair, un fact-checking en direct qui mette les menteurs face à leur contradictions en temps réel, et qu’ils puissent éventuellement y réagir. Des émissions, JT compris, avec des interviewers qui soient assistés par une équipe d’aiguilleurs du web en coulisses. Je me souviens de l’unique tentative dans une émission politique, dont Alain Juppé était l’invité. Pas vraiment le bon client pour les approximations. Ce serait plus efficace avec un Dupont-Aignan ou un Asselineau. Il s’agissait d’un numéro de « Des paroles et des actes« , sur France 2. L’exercice aurait également pu être très intéressant avec un Boris Johnson ou un Nigel Farage.

Ce sont des journalistes qui effectuaient le Fact-checking durant l’émission.

Mais l’expérience des vérificateurs en direct n’a jamais été reconduite, ni sur France 2, ni ailleurs. Au minimum, les menteurs sur telle émission devraient se faire reprendre à leur apparition suivante, même dans une autre émission : ça n’arrive jamais!

Aller plus loin :

Lisez aussi le dossier :

Cet article est en partie repris d’un précédent billet de 2014 : méfiez vous des imitations (car je n’ai pas attendu le Brexit ni même Charlie pour m’intéresser au fact-checking)

<MAJ du 7 juin 2018 : Vrai ou fake>

Un nouvel onglet a fait son apparition sur le site de France Info. « Vrai ou fake » est la plateforme de factchecking et de debunking de l’ensemble de l’audiovisuel public. Elle rassemble des contenus produits par Arte, l’Institut national de l’audiovisuel, France Médias Monde, France Télévisions, Radio France et TV5 Monde.

« Vrai ou fake » est la plateforme de factchecking et de debunking de l’ensemble de l’audiovisuel public.

Le factchecking consiste à débusquer les erreurs factuelles ou les mensonges des responsables publics et des politiques. Le debunking (ou démystification) consiste à décrypter et déconstruire les rumeurs et les « fake news », c’est-à-dire de fausses informations fabriquées dans le but de manipuler le public.

Dans le détail :

  • « Désintox », produit par Arte, Libération et 2P2L (28 minutes)
  • « Les Observateurs », produit par France 24
  • « L’Oeil du 20 heures », diffusé sur France 2
  • « L’instant détox » diffusé sur franceinfo
  • « Le vrai du faux » d’Antoine Krempf, diffusé sur franceinfo
  • « Les idées claires » diffusé sur France Culture
  • « Data culte » et « Retour vers l’Info », produits par l’INA

https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/
Avec Vrai ou fake, si vous vous faites encore avoir, vous êtes un cas désespéré.

</maj>

<MAJ du 7 juin 2018 : A l’épreuve des faits>

RFI souhaite remettre au clair, factuellement, les déclaration des acteurs de l’actualité. Economie, société, politique, Les preuves, des faits est un rendez-vous de 4 minutes qui sera confié à une ou un journaliste de l’un des services de la rédaction. 4 minutes de vérification de l’information, après un travail approfondi.
Egalement sur iTunes et Deezer.

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