Aller au contenu
Accueil / Ne pas lire le Coran ou la Bible comme une notice Ikea

Ne pas lire le Coran ou la Bible comme une notice Ikea

  •  

LuzLaVieApresA quelques jours du 3 mai qui sera à la fois la journée mondiale de la liberté de la presse et l’anniversaire de Reporters Sans Frontières, on est peiné d’apprendre que Luz a décidé que Mahomet et Sarkozy ne l’intéressaient plus comme sujets de caricatures. Autocensure? Lui seul le sait :

« Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner »

a-t-il déclaré aux Inrocks.

Avec cinq ou six Unes en 10 ans, on ne peut pas dire que l’homme au turban soit le plus représenté chez Charlie.

Dans les médias, on n’entend parler que de Mahomet. Partout les éditorialistes-chroniqueurs se félicitent que le dessinateur se soucie de la sensibilité des gens touchés au cœur de leur religion, ce qu’il n’a jamais dit. Et je me demande pour qui un dessin de Sarkozy peut constituer un blasphème. Le Sarkozysme serait une religion?

Or Luz, en février dernier a également déclaré :

« Je pense que la majorité des musulmans se fout de Charlie Hebdo. Je pense que les gens qui s’arrogent le droit de dire que l’ensemble de la communauté musulmane a été offensé sont des gens qui prennent les musulmans pour des imbéciles. Nous, on ne prend pas les musulmans pour des imbéciles »

Cela se rapproche beaucoup du livre posthume de Charb, l’ancien directeur du journal irresponsable, achevé deux jours avant les attentats… et qui pointe les vrais irresponsables. Extraits :

Les Échappées, 2015, 13,90 €

“Le problème, ce n’est ni le Coran, ni la Bible, romans soporifiques, incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d’une étagère Ikea. Il faut bien égorger l’infidèle selon les pointillés, sinon Dieu va me priver de Club Med après ma mort.”

“En vertu de quelle théorie tordue l’humour serait-il moins compatible avec l’islam qu’avec n’importe quelle autre religion ? (…) Si on laisse entendre qu’on peut rire de tout, sauf de certains aspects de l’islam parce que les musulmans sont beaucoup plus susceptibles que le reste de la population, que fait-on, sinon de la discrimination ?”

“On nous demande de respecter l’islam, mais ce n’est pas respecter l’islam que d’en avoir peur. Ce n’est pas respecter l’islam que de confondre l’islam et le terrorisme islamique.”

“En France, la parole raciste a été largement libérée par Sarkozy et son débat sur l’identité nationale. (…) Lorsque la plus haute autorité de l’Etat s’adresse aux cons et aux salauds en leur disant : “Lâchez-vous, les gars !”, que croyez-vous que font les cons et les salauds ?”

“Que des racistes soient en plus islamophobes, pardon, mais c’est presque anecdotique. Ils sont d’abord racistes et, à travers l’islam, c’est bien l’étranger ou la personne d’origine étrangère qu’ils visent. En ne considérant plus que l’islamophobie chez le raciste, on minimise le danger raciste.”

Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier

Charb, « Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » éd. Les Échappées, avril 2015, 13.90 euros

Le livre de Charb, écrit avant les attentats de Paris a un étrange écho avec l’essai de Caroline Fourest, Éloge du Blasphème, écrit après :

Après l’immense émotion qui a suivi l’attentat contre Charlie Hebdo, Caroline Fourest revient sur ces voix qui, au nom de la « responsabilité », de la peur d’ « offenser » ou du soupçon d’ « islamophobie », n’ont pas voulu « être Charlie ».
Dans cet essai pédagogique sans concessions, elle recadre les débats sur la liberté d’expression et alerte sur les dangers d’une mondialisation de l’intimidation. Elle clarifie la ligne de fracture entre laïcité à la française et relativisme anglo-saxon. Entre droit au blasphème et incitation à la haine. Entre Charlie et Dieudonné. Entre rire du terrorisme, et rire avec les terroristes.

A méditer par ceux qui ne se sentaient pas Charlie au lendemain du 7 janvier 2015. A méditer surtout par ceux, nombreux, qui après avoir salué et participé à l’esprit du 11 janvier l’oublient et le dénaturent allègrement quatre mois après. Il s’agissait d’abord de défendre nos valeurs et la liberté d’expression, pas d’instrumentaliser l’argument du terrorisme à toutes les sauces.

Qui était vraiment Charlie le 11 janvier? Avec le recul, on peut répondre ; aucun de trois.

#Jesuischarlie

Sources des citations du livre de Charb :

Et vous?

En 2013, le journal était déjà taxé de racisme et Le Monde avait publié une tribune de Charb et de Fabrice Nicolino :

Ouvrez donc ce journal ! Jean-Yves Camus y suit avec la rigueur qu’on lui connaît l’activité des extrêmes droites. Laurent Léger dévoile les turpitudes des réseaux si étendus de la corruption. Bernard Maris décortique l’économie et le capitalisme comme aucun autre. Patrick Pelloux raconte avec douceur les horreurs des urgences hospitalières. Gérard Biard ferraille contre le sexisme et la pub. Zineb el Rhazoui critique – oui, et de belle manière – les insupportables manifestations de certain islamisme. Fabrice Nicolino regarde le monde en écologiste radical, mais humaniste. Sigolène Vinson détaille le quotidien absurde de tant de tribunaux. Luce Lapin défend avec une opiniâtreté sans borne les animaux, ces grands absents du débat. Antonio Fischetti raconte la science, les sciences avec drôlerie et impertinence. Philippe Lançon proclame chaque semaine la victoire de la littérature sur la télé.

Ouvrez donc ce journal! On ne peut que renouveler le conseil à ceux qui critiquent sans savoir.

Lisez aussi :

Unes de Charlie de mars et avril 2015 (cliquez pour agrandir)
Les islamistes (pas les musulmans), ici en doberman armé d’une Kalach sans que ça choque personne, ne sont que l’une des têtes de Turc (!) de Charlie Hebdo, et pas la plus fréquemment brocardée : les unes tournant le FN en dérision sont bien plus nombreuses.
FN : 10, Le prophète : 1
Comptage réalisé par Le Petit Journal.
L’esprit du 11 janvier… Luz, Charlie Hebdo n°1186

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *