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Bibliothécaire, c’est un métier

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Boulanger c'est un metier
Pourquoi pas un écriteau « Bibliothécaire c’est un métier » à l’entrée des bibliothèques? Un moyen fort de faire comprendre clairement au public et à la tutelle que « bibliothécaire c’est un métier ».

En venant à la bibliothèque, je suis passé devant une boulangerie où un écriteau a attiré mon attention :

Boulanger, c’est un métier Article L121-80 du code de la consommation

Je n’ai pu m’empêcher de penser à l’une des maximes de ce blogBibliothécaire, c’est un métier. En arrivant ici, je me suis donc empressé de taper « code consommation L 121 80 » dans mon navigateur. Voici le contenu du fameux article :

Article L121-80 – Créé par Loi n°98-405 du 25 mai 1998 – art. 1 JORF 26 mai 1998

Ne peuvent utiliser l’appellation de « boulanger » et l’enseigne commerciale de « boulangerie » ou une dénomination susceptible de porter à confusion, sur le lieu de vente du pain au consommateur final ou dans des publicités à l’exclusion des documents commerciaux à usage strictement professionnel, les professionnels qui n’assurent pas eux-mêmes, à partir de matières premières choisies, le pétrissage de la pâte, sa fermentation et sa mise en forme ainsi que la cuisson du pain sur le lieu de vente au consommateur final ; les produits ne peuvent à aucun stade de la production ou de la vente être surgelés ou congelés.

Il n’y a pas d’article de loi similaire pour les bibliothèques. D’ailleurs il n’y a pas de loi du tout pour nos établissements, contrairement aux archives par exemple. C’est sans doute un bien car nos fonctions ne sont pas gravées dans le marbre et nous pouvons donc les faire évoluer sans consulter sans cesse le législateur. Pourtant, cela pose deux problèmes :

  • S’il n’existe aucun « code des bibliothèques », de nombreuses lois nous concernent, en particulier au niveau du droit d’auteur mais pas que, et il est difficile de se tenir à jour pour savoir ce qu’on peut faire et ne pas faire.
  • La profession de bibliothécaire est diverse et variée, mais méconnue du grand public, qui n’envisage pas que cela puisse être un métier.

Voici un (énième) exemple, tiré de la page Facebook « Nan, sérieusement« :

Allez de temps en temps, faut être réaliste et méchant, parce que la bibliothèque, c’est pas tout le temps le Pays des Bisounours et souvent, on tombe sur des olibrius ! Entretien : – « J’ai crée un coin jeunesse avec des animations ludiques et pédagogiques, un festival du cinéma, un concours du court-métrage, un atelier de film d’animation, un café littéraire, un espace d’information touristique sur la France, monté une expo …. » – « Nan mais attendez ! ça nous intéresse pas du tout ! » – « Ah bon, ben alors vous voulez que je fasse quoi ? » – « Mais ranger les livres bien sûr ! » – « Ah » ….. J’ai pas pris le poste.

Bibliothécaire, plutôt qu’un métier, est en fait un terme générique pour plusieurs métiers… Quoique. Selon le dernier rapport de l’IGB, Quels emplois dans les bibliothèques ? Etat des lieux et perspectives, à propos des offres d’emploi de la Gazette des commune (p. 41) :

Une première constatation : les faibles différences entre les profils des catégories A et B. Si les missions peuvent différer, les compétences requises ne sont guère éloignées. Les écarts entre conservateurs et bibliothécaires d’une part, entre bibliothécaires et assistants qualifiés d’autre part sont presque imperceptibles. Les offres d’emplois s’adressent souvent d’ailleurs simultanément aux trois cadres d’emploi.

Par conséquent, je verrais bien un article de loi du style :

Ne peuvent utiliser l’appellation de « bibliothécaire » et l’enseigne de « bibliothèque » ou une dénomination susceptible de porter à confusion, sur le lieu de prêt à l’usager final ou dans des publicités à l’exclusion des documents à usage strictement professionnel, les professionnels qui se contentent de ranger les livres.

Bien sûr, il s’agit d’une boutade (ou pas). Pour autant, le droit d’auteur est en passe d’être (une fois de plus) modifié pour courir après les évolutions imposées par le numérique.

Sans s'(égo)centrer sur les bibliothèques, c’est peut-être aux bibliothécaires de proposer des solutions pour défendre les droits des lecteurs. Lionel Morel a montré la voie avec son projet de loi sur le domaine public. Avec la remise du rapport Lescure, le temps n’est pas à rester silencieux. Comme d’habitude, ce sont toujours les mêmes qui montent au créneau : Savoir com1, Bibliobsession, La Quadrature du net, l’IABD. Eux ne se contentent pas de ranger les livres.

Quel est votre avis sur les évolutions probables du droit d’auteur, sur les usages collectifs, les pirate-box, les copy-parties, l’open data à la française, les périls qui planent sur Internet (neutralité, protection des données personnelles, marchandisation, militarisation…)? Tentez-vous de faire une veille sur ces sujets? Parvenez-vous à vous faire une opinion? Qu’on soit pour ou contre ceci ou cela, l’essentiel est d’avoir un avis et de le défendre. C’est aussi cela, le métier de bibliothécaire. 

<MAJ du 12 juin 2013 : Nous ne sommes que quelques-uns>

Silvère Mercier, dans une discussion sur Facebook avec Bertrand Calenge :

c’est à la mesure de ma déception de voir que nous ne sommes que quelques uns dans cette profession dans laquelle ta voix compte à nous engager clairement ! Faut-il rappeler que l’IABD refuse de prendre position sur la question de la légalisation des échanges non-marchands? Que Carel refuse de condamner et de boycotter les DRM chronodégradables?

Comme je le disais ci-dessus, ce sont toujours les mêmes qui s’y collent!

</maj>

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