Megaupload n’était pas qu’un site de téléchargement illégal, c’était aussi un site de stockage de documents personnels :
Une particularité qui est loin d’être neutre, dans la mesure où de très nombreux utilisateurs se servaient de MegaUpload pour héberger des données privées et parfaitement légales comme des photos, des documents ou autres. Des données qui, du fait de la fermeture du site, ne sont donc plus accessibles.
Certains utilisateurs veulent porter plainte pour la perte de leurs documents personnels, mais la démarche a peu de chances d’aboutir, car les autorités sont sur le point d’effacer tous les serveurs, maintenant qu’elles y ont récupéré ce qu’elles voulaient.
En ces temps où tous les opérateurs incitent les internautes à utiliser le cloud, il est bon de rappeler que les sauvegardes hors-ligne restent indispensables – Du moins tant que nos machines le permettent encore :
l’informatique va évoluer, les OS traditionnels vont disparaître au profit du Cloud, les télés seront totalement par Internet (les télés seront un PC avec un navigateur comme une grande tablette, on attend d’ailleurs l’annonce d’une TV Apple dans l’année).
Outre le fait que confier ses documents personnels à un opérateur privé ne garanti en rien leur pérennité, car celui-ci peut fermer l’accès du jour au lendemain si ça lui chante (lisez les conditions d’utilisation), un opérateur de bonne foi peut aussi être fermé indépendamment de sa volonté. C’est le cas de Megaupload, dont le stockage en ligne de documents personnels était le métier d’origine, et que les autorités US ont fermé sans faire dans la dentelle, l’ensemble des 18 noms de domaine du groupe ayant été logés à la même enseigne.
le 19 janvier 2012, plus de 20 mandats de perquisition ont été délivrés aux États-Unis et dans huit autres pays, afin de procéder à des saisies d’actifs (dont des serveurs) et au blocage de 18 noms de domaines.
Un dernier détail : le bureau fédéral d’investigation a pour juridiction le territoire fédéral US. Depuis quand la Nouvelle-Zélande (lieu de résidence du fondateur, Kim DotCom), Hong-Kong (siège de la compagnie), les Pays-bas et le Canada (où étaient les serveurs) font-ils partie des Etats-Unis? On m’objectera que depuis le 11 septembre 2001, le FBI peut intervenir hors du territoire US, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme (Patriot Act).
La conséquence logique est que les contrevenants au droit d’auteur sont assimilés à des terroristes, pardon, à des entreprises criminelle internationales organisées. Si vous vous y connaissez en droit US, détrompez-moi, ou je vais céder à la théorie du complot. 🙂
<maj du 09-02-2012>
Le Cloud, ou “informatique dans les nuages”, au-delà de MegaUpload, pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec cette notion :
- Le cloud-computing implique les notions d’abonnement, et de non-interopérabilité : La mémoire de silence (Franck Queyraud)
- Bibliothèques et cloud-computing : La bibliothèque apprivoisée (Lionel Dujol)
C’est le commentaire de Mediamus à la suite du billet de Franck Queyraud qui résume le mieux les enjeux du Cloud. Je me permets de le reproduire ici :
Lundi 28 février 2011
Ne confondons pas Web et cloud computing.
Si le web est aujourd’hui garant de la diversité et de la pluralité des contenus, je ne suis pas aussi optimiste, ni confiant concernant le cloud computing. Excepté pour les plateformes en UGC (du type Youtube), le nuage est une entité dont le périmètre est défini et contrôlé par son propriétaire (Deezer, Itunes, Spotify, etc.), l’internaute n’y a d’autres rôles à jouer que celui de consommer ce qu’on lui propose (depuis peu il a aussi la possibilité de commenter : -)).
De l’autre côté, l’artiste, l’écrivain qui n’est pas référencé dans le catalogue n’a plus aucune visibilité.
On a vu, d’abord avec la transformation des radios libres en radios commerciales sur la bande FM, puis avec l’arrivée des bouquets de chaînes numériques (W9, Direct8, etc), que l’augmentation de l’offre de contenus n’était absolument pas synonyme d’accroissement de la diversité culturelle, mais au contraire renforçait la puissance et la concentration des médias et des industries culturelles.
Pour exemple, et sans prendre parti, s’agissant de l’opération Weblib en bibliothèques à Paris dont a parlé Actualitté ( http://www.actualitte.com/actualite/24512-weblib-bibliotheques-preter-ordinateurs-travail.htm ) la semaine dernière, il est dit que l’offre de prêt des iPad, tablettes tactiles android ou des netbooks s’appuie sur un partenariat avec Relay.com. Pour les bibliothèques, il existe un risque réel d’externalisation des services d’accès à l’information et à la documentation, voir pourquoi pas à terme de privatisation de ces services.
L’enjeu actuellement (on le voit avec l’Ipad et la presse) est de reconstruire des péages pour faire payer l’usager. Chris Anderson, dans son article “The Web Is Dead. Long Live the Internet” ( http://www.wired.com/magazine/2010/08/ff_webrip/5/ ), annonçait en août 2010 la mort du Web gratuit remplacé par un Internet des applications payantes.
Service public / Secteur privé, ces distinctions ont encore un sens, dans la manière de concevoir le service à l’usager, et les ressources documentaires ou culturelles que l’on met à sa disposition.
On n’imagine difficilement une bibliothèque externalisant sa politique documentaire en souscrivant un abonnement à France Loisirs. Mais c’est ce qui risque d’arriver demain, c’est déjà le cas aujourd’hui avec certaines offres de contenus numériques.
Alors battons-nous pour défendre la neutralité du web, mais ne perdrons pas de vue la neutralité de la bibliothèque, c’est à ce prix qu’elle restera un service public et non un showroom dédié à la consommation des nouvelles technologies, et des productions de la culture de masse. Et posons-nous toujours la question de savoir ce qui manque.
Comme Mediamus il y a un an, je ne suis pas très optimiste concernant le Cloud computing. Il vient cumuler ses effets avec l’évolution des Systèmes d’exploitation :
Cet essor du Web applicatif n’est pas neuf, mais son transfert sur tous les appareils y compris les PC est une véritable révolution, et pas en bien.
Et vous, que pensez-vous du cloud computing?
</maj>