Après l’iPad 2, qui ne diffère pas beaucoup de l’iPad 1, voici le futur Windows “8”, qui, si en croit le sujet de BFM TV, constitue “un changement radical” :
Le successeur de Windows 7 sera donc tactile, pour les ordinateurs de bureau comme pour les tablettes. Une fois de plus, Microsoft se contente de suivre au lieu d’innover. Le premier Windows (Windows 3) pillait les innovations de la marque à la pomme : les icônes, les fenêtres, les menus déroulants, les clics et leur association avec la souris. Ce qu’on appelle l’interface graphique a été popularisé dès 1985 par Steve Job. Or celui-ci annonçait dès l’année dernière la fusion des système d’exploitation de l’iPad et du Mac.
Donc avec Windows “8”, « finis la souris, le clavier et les menus déroulants. Il faut se rapprocher des usages des smartphones et des tablettes : tout marche au doigt ». Sauf que dès le deuxième semestre de l’an dernier, on trouvait (et on trouve encore) en grande surface des PC à écran tactile, sans souris et sans clavier, fonctionnant sous Windows 7, à côté des modèles de bureau classiques. L’évolution était alors matérielle (hardware) et non logicielle (software). Il ne s’en est pas vendu beaucoup.
Le véritable changement avec Windows “8” réside dans la disparition des menus déroulants. Les Geeks ne les regretteront pas, eux qui utilisaient à la place les raccourcis-clavier. Par contre ce dernier pourrait leur manquer : finis les CTRL C, ALT F4 et autres CTRL ALT SUPPR ? Le clavier pourrait aussi manquer à tous ceux qui écrivent encore du texte : si on peut coucher un iPad et transformer la moitié de l’écran en clavier virtuel, je ne me vois pas pianoter QSDF JKLM sur un écran vertical. De ce fait, le clavier est susceptible de survivre quelques temps à la souris. C’est dommage pour FM, sa mésaventure risque de lui arriver pendant encore quelques années (voir le billet de la bibliopathe).
L’arrivée de Windows pour les tablettes est en revanche une révolution. Tous les environnements de tablettes actuels sont extrêmement fermés : pour acheter sur l’Apple Store, il faut installer iTunes. Pour aller sur le Google Store, iTunes ne sert à rien. Les tablettes ont en plus la fâcheuse tendance à enfermer l’Internaute jusque dans les programmes qu’il peut installer : il est limité au magasin d’applications de sa machine. En ce sens, les tablettes penchent vers les mauvais côtés des smartphones (Remarquez l’étonnante similarité des interfaces de l’iPhone et de l’iPad). Avec l’arrivée du même Windows sur le marché des tablettes et sur celui des ordinateurs, on peut espérer que les tablettes se mettent à pencher vers les bon côtés des PC : on va chercher ce qu’on veut où on veut pour s’en servir comme on veut. A moins que ce ne soient les tablettes qui ne déteignent sur les PC ? Dans les deux cas, c’est une révolution. Reste à savoir si ce sera en bien ou en mal.
Ce que préfigure Windows “8”, paradoxalement, c’est la disparition à terme de l’ordinateur de bureau, dont les ventes ne cessent de chuter depuis l’apparition des ordinateurs portables, concurrencés à leur tour par les tablettes. En effet, le jour où il sera possible de coucher un ordinateur de bureau tactile pour pianoter à propos de ses états d’âmes, celui-ci sera devenu… une grosse tablette ! La grande inconnue réside dans l’accueil que le public réservera à cette innovation. Si comme le souligne le reportage, de nombreuses personnes ont des difficultés d’utilisation avec les interfaces graphiques actuelles, nombreuses sont aussi celles qui sont attachées à la souris et au clavier. Les personnes qui à grand peine, viennent juste (depuis quelques années seulement) de maîtriser ces périphériques ne sont pas prêtes à déjà se remettre à apprendre un autre mode de fonctionnement. Il ne faut jamais sous estimer la résistance au changement des consommateurs.
Il y a quelques années, le Media Center, fonctionnant avec une télécommande, devait tout changer. Dans la foulée, des PC de salon plus compacts, mais sous équipés tant du point de vue matériel que logiciel, ont été commercialisés. Qui s’en souvient ? En informatique, chaque innovation est présentée comme une révolution. Or ce ne sont que des évolutions, pas toujours majeures. C’est à la suite d’un grand nombre d’évolutions successives qu’on peut à postériori parler de révolution. L’interface graphique associée à la souris en était une. Le passage au tactile en est sans doute une autre, mais elle se réalise en plusieurs étapes. L’informatique n’a que 70 ans. Elle a beaucoup évolué depuis l’ENIAC, et a encore le temps d’évoluer bien plus.
NB : On peut regretter que ce reportage ne parle pas du tout de Linux : existe-t-il des versions tactiles de Gnome ou KDE ?
<maj du 20 08 2011>
Le principal attrait du tactile n’est pas de remplacer le pointeur de la souris par l’extrémité de l’index (les terminaux d’achats de billets dans les gares SNCF le font depuis des décennies), mais réside dans le multitouch (encore une innovation perfectionnée par Apple) : l’interaction se fait avec plusieurs doigts sur l’écran, ce qui offre des possibilités véritablement plus large qu’avec la souris. Selon les mouvements relatifs des doigts, on peut par exemple zoomer sur une image en la “pinçant”. Cela constitue la première révolution.
Quand à savoir si Windows “8” fera pencher les tablettes vers les bons côtés des PC ou les mauvais des Smartphones, le magasine Web design explique que c’est tout l’Internet qui va verser vers les applications, indiquant qu’Apple propose déjà un App Store pour son OS fixe, tout comme Google avec son Chrome Store (HS n°9 actuellement en kiosque, 147p., p.19) :
[…] L’utilisation d’Internet a fortement évolué ces quinze dernières années. L’Internet des sites est peu à peu supplanté par celui des applications du fait des avancées techniques et des besoins des consommateurs. Le “cloud” est la consécration de ce Web des applications. Prévue comme base des futurs systèmes d’exploitation (Google et Microsoft aux dernières nouvelles) […], cette voie semble celle choisie à moyen terme.
[…]
Il est clair que la part de création de sites Internet purs par rapport à celle d’applications Web se réduira. Paradoxalement, nous assistons à un retour aux débuts de l’informatique où les applications étaient développées pour des plateformes spécifiques. Internet avait installé une universalité d’accès aux contenus : avec n’importe quel terminal, toute personne pouvait accéder à un site Internet avec une adresse unique. Aujourd’hui, c’est le phénomène inverse qui se produit : à chaque terminal son application.Quelles normes seront adoptées ? Quel géant sortira vainqueur de cette standardisation du Web applicatif ? Quels nouveaux usages apparaîtront ?
Cet essor du Web applicatif n’est pas neuf, mais son transfert sur tous les appareils y compris les PC est une véritable révolution, et pas en bien. Le véritable changement avec Windows “8” n’est donc pas tant son côté tactile que le fait qu’on peut s’attendre à la mise sur pied d’un “Windows Store” aux côtés de l’Apple apps Store et du Chrome Store, ce qui consacrera le cloisonnement d’Internet en fonction de la machine qu’on utilise. C’est totalement différent du gestionnaire de paquets d’Ubuntu, par exemple. A ce propos, comment va réagir le monde Linux ? Verra-t-on éclore des Ubuntu Store, Mandriva Store ou encore Debian Store pour pouvoir encore surfer ?
Qui dans les bibliothèque va développer les applications pour accéder au catalogue ou à ses autres services Web ? Comment choisira-t-on que tel service pourra être accessible depuis telle plateforme et pas depuis telle autre (en développant ou pas l’application associée) ? Windows “8”, oui, ceci est est vraiment une révolution.
Pour suivre l’actualité autours de Windows 8, Microsoft a mis en place un blog dédié : http://blogs.msdn.com/b/b8_fr/
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<maj du 30 09 2011>
Microsoft, par une pirouette technique sous couvert d’amélioration de la sécurité, pourrait rendre les futurs ordinateurs équipés de Windows 8 incompatibles avec tout autre système d’exploitation. C’est une déclaration de guerre à tous les OS alternatifs, Linux en tête :
Pour revendiquer le logo ordinateur certifié Windows 8, les constructeurs devront impérativement intégrer ces paramètres. Or, un des pré-requis pourrait poser problème : l’obligation d’activer la fonctionnalité de sécurité « secure boot » de l’UEFI, le successeur du BIOS.
Pour faire simple, pour installer un second (un troisième, un quatrième, etc) OS, il faut modifier le logiciel de Boot (c’est le logiciel d’installation qui s’en charge automatiquement). Si le Boot n’est pas modifiable, pas d’installation possible!
Le Libre n’est pas qu’une philosophie, c’est un combat à mener à chaque instant : Microsoft n’en est pas à sa première tentative.
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Steve Job à découvert l’interface graphique dans les laboratoire de Xerox. Ce sont les chercheurs de chez Xerox (étonnamment cela vient donc du print) qui ont inventé l’interface graphique, tout comme la POO (programmation orienté objet), ou même le fait d’imprimer la même chose que ce que l’on voit à l’écran (postscripts, etc).
Il faut arrêter de penser que Steve Job ai jamais inventé quoi que ce soit, cet homme fait du marketing, c’est tout… mais il le fait très bien!
« Ce qu’on appelle l’interface graphique a été inventé en 1985 par Steve Job. »
Vous avez raison, je reconnais que la formulation est inappropriée. J’aurais du écrire que « Ce qu’on appelle l’interface graphique a été popularisé dès 1985 par Steve Job ». (Je viens de corriger mon billet dans ce sens)
Cependant il n’en est pas moins vrai que Microsoft a damé le pion à IBM à partir du moment où les innovations du Macintoch ont été intégrées à Windows 3. Or Bill Gates s’est bien gardé de demander la permission à Apple, à Xerox ou à l’université de Toronto. Auparavant, le seul moyen de communiquer avec un PC était la ligne de commande, et MS DOS n’est lui-même que la réplique de la ligne de commande d’UNIX. Si Steve Job fait très bien du marketing, Bill Gates n’a rien fait de plus à part monétiser les inventions des petits copains.
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