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Lecteurs de romans vs lecteurs tout court

SensCritique

J’ai sept lectures à la fois en ce moment, et pas un seul roman en cours. Les lecteurs de romans aussi aiment en lire plusieurs en parallèle. Pourtant, mes lectures actuelles semblent moins légitimes, du seul fait de leur format et de leur support : un magazine vaudrait moins qu’un roman. Car si culture rime avec littérature, certains estiment que seule la littérature est culture. Quatre exemples vont illustrer ce constat.

Premièrement, quand on évalue les quantités de lectures des français pour déterminer qui est un grand ou un petit lecteur, l’unité est toujours le nombre de livres. Et encore en donnant un chiffre, les sondés oublient-ils vraisemblablement les ouvrages de décoration ou d’astronomie qu’ils engloutissent avec passion. Ils oublient également les BD en 12 tomes qui les occupent des soirées entières. Ce nombre de livres des enquêtes est donc en fait un nombre de romans et essais.

Deuxièmement, certains gros lecteurs de ma bibliothèque fouillent sans relâche la table des nouveautés et en réclament régulièrement. Ils n’ont jamais assez. Ils ne vont jamais voir les périodiques (par définition constamment approvisionnés) ni les rayons avec un numéro Dewey, et devant une pleine table de BD fraîchement acquises, les lectrices de Danielle Steel se plaignent : ces BD ne sont pas de vrais livres!

Troisièmement, la bibliothèque de Bexar, célèbre pour son approche tout numérique (elle n’a aucun imprimé) propose 600 liseuses (support pour lire ses 10 000 eBooks) contre seulement 40 tablettes et 60 ordinateurs. La place des eBooks y reste ainsi prépondérante. Essayez donc de lire une BD sur une liseuse :

Bah c’est tout simple il n’existe aucune liseuse pour BD, sauf qu’Amazon travaillerait et devrait d’ici la fin de l’année une liseuse encre numérique couleur.

Contrairement aux tablettes :

Personnellement, malgré beaucoup de réticences au départ, je suis passé à la lecture sur tablette (Archos 10It) depuis un an et demi, et j’en suis assez satisfait. Certes, faut pas rêver, la qualité des couleurs et le « confort » de lecture ne sont pas du tout identiques à ceux d’un vrai bouquin, cela étant, c’est une nouvelle façon de lire les BD, avec des possibilités de zoom, de lecture dynamique (selon les appli utilisées) et effectivement cela permet un gain de place assez considérable (j’ai plus de 2500 albums papiers à la maison). La taille de l’écran (un 10 pouces dans mon cas) est peut être un tout petit peu juste pour du Franco-Belge et encore, avec les fonctionnalités évoquées ci dessus, ça passe très bien, quant aux comics (raison principale pour laquelle j’ai pris la tablette) c’est quasiment l’équivalent du format papier, donc que du bon.

Enfin quatrièmement, les sites de partage de critiques pour geeks littéraires (?) (BabelioLibrarything, Libfly…) ne proposent que des livres. Encore englobent-ils les BD, les livres de voyage ou de cuisine, etc, et sont donc moins sectaires que les gros lecteurs du deuxième exemple. Seul Sens Critique propose à la fois des livres, une section dédiée à la BD à part, de la musique, des films, des séries, des jeux vidéos : les mêmes sections qu’une bibliothèque!

24 heures, Yoan Sfar, les Beattles ou Almodovar : culture populaire ou culture tout court? Ceux qui posent la question y répondent implicitement.

C’est comme si le fait de comporter des illustrations et des photos rendait les documentaires, les magazines et les journaux moins légitimes. Pourtant l’iconographie fait partie de la lecture et représente même une valeur ajoutée, comme en témoigne le Libération de ce jeudi, édité avec des cadres blancs en lieu et place des photos : c’est flagrant, il y a un manque d’information, surtout que les légendes et les signatures sont à leur place sous les cadres vides. Il s’agit pour le quotidien de dénoncer la situation du photojournalisme. Maintenant, imaginons les revues que je lis actuellement sans les photos, sans les infographies. Assurément les articles du Dossier de Pour la Science sur la génétique moléculaire vont devenir plus difficiles à comprendre. Quand au Science & Vie sur les photos satellites, il perd carrément sa raison d’être.

Libération : « En vidant le journal de toute représentation, en proposant les mots en solo, nous avons voulu dire combien ce langage des images est essentiel à la compréhension »
En Biochimie, un bon schéma vaut souvent mieux que de longs discours

Votre bibliothèque a-t-elle tendance à réserver une place à part, privilégiée, aux romans et essais? Est-ce que ce n’est pas en partie sous l’influence de certains lecteurs? Par ailleurs, un hors série magazine compte-t-il comme un livre lorsque vous calculez vos lectures du mois?

1 commentaire pour “Lecteurs de romans vs lecteurs tout court”

  1. Retour de ping : Internet, la nouvelle République des Lettres? - InfoDocBib.net

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