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Le Littératour

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Ce jeudi, j’ai pris le train. Pourtant je n’ai pas de bibliothèque de rêve plus ou moins lointaine à faire visiter comme les collègues. Si je suis un peu jaloux de leurs voyages en ce moment, je ne suis pas à plaindre au regard des années passées. Et puis j’ai la chance d’habiter dans une belle région!

C’est le train lui-même qui était l’attraction. Vous savez que je m’intéresse à l’histoire des sciences et techniques. Quel rapport avec les bibliothèques vous demandez-vous ? Ce train associait muséologie, histoire et livres. Je vois que vous commencez à comprendre… Les médias ont largement relayé le “train pour l’emploi”, mais saviez-vous que la SNCF organise régulièrement des trains-exposition ?

Le Littératour est un train-exposition consacré à l’histoire des supports d’écriture (des tablettes d’argile aux tablettes tactiles), mis en place dans le cadre de “A Vous de Lire 2011”. Ce train parcourt la France du 26 mai au 7 juin et jeudi dernier, donc, il faisait escale à Rennes. Comme je suis peu utilisateur de Twitter et que ma visite n’a duré qu’une petite demi-journée, je n’utiliserai pas Storify comme Silvère Mercier.

Honnêtement, je n’y suis pas allé pour apprendre quelque chose. Les premiers chapitres du métier de bibliothécaire (2010! 😉 ), ainsi que les deux tomes des découverte Gallimard (1, 2), couvrent le thème dans les grandes lignes. Mais j’étais curieux de voir comment un tel sujet pouvait être scénographié. Franck Ferrand, commissaire de cette exposition, y a consacré un numéro de son émission “Au cœur de l’histoire”, ce qui a titillé ma curiosité.

Le train a été compartimenté en différents espaces correspondant à un support donné. Les artefacts muséographiques ne sont pas simplement entreposés dans des vitrines (musée poussière), mais celles-ci sont mises en scène. Tout un décor a été réalisé pour que le visiteur soit immergé ici dans un scriptorium, là dans une imprimerie industrielle, etc. Les scénographes de Skertzo ont réalisé un travail soigné.

Côté supports de transmission du savoir :

  • des écrans insérés dans les décors diffusent en boucle des extraits du site pédagogique de la BnF (comme des powerpoint en plus élaboré)
  • des audioguides qu’il suffit d’approcher des cartels pour progresser dans l’histoire, scénarisée dans un dialogue entre le scribe égyptien (voix de Franck Ferrant) et la modernité : à mon sens une utilisation intelligente de la RFID.
  • Cependant, l’exposition manque globalement d’interactivité : des pages factices d’enluminures à tourner, un écran où l’on peut faire défiler la Bible de Gutenberg… et c’est tout. Néanmoins, les enfants ne m’ont pas semblé trop s’ennuyer, du fait que l’exposition se parcoure somme toute rapidement. De plus, des “Je bouquine” leur étaient distribués par le personnel d’accueil à la sortie.

Sur le fond, je ne ferais qu’un reproche. S’il y a effectivement des tablettes d’argile dans cette exposition, il n’y a aucune tablette tactile. Les supports actuels sont rapidement évoqué en fin de parcours par l’audioguide, tandis que l’espace correspondant, cherchant à évoquer l’idée de virtuel, ne m’a pas convaincu. Quelques exemples d’écrans auraient pourtant trouvé leur place pour faire suite aux incunables. Pour ceux qui penseraient que les objets actuels n’ont pas leur place dans un musée ou une exposition, je les encourage à visiter le Musée d’Ethnographie de Neuchâtel : Objets prétextes, objets manipulés :

Passaient finalement sous la loupe des muséologues le pouvoir de l’artiste ou du conservateur face à l’objet qu’il extrait de la quotidienneté (Pouvoir, décret, transgression), les questions relatives à l’authenticité des objets (Vrai? Faux? ainsi que Défense de retoucher) et finalement les systèmes de croyance fondant des légitimités transitoires liées à l’acte magique consistant, par exemple, à sortir un lapin d’un chapeau (L’imposture efficace).

Des animations sont organisées autour de l’exposition, à la fois dans la gare (près de l’incontournable librairie Relay) et dans le train lui-même (programme). En particulier, deux voitures du mythique Orient Express ont été accrochée en queue du train, dans lesquels se déroulait une lecture publique quand j’y suis passé. J’avais déjà vu l’Orient Express à Venise (le terminus actuel, alors que l’original – celui d’Agatha Christie – allait jusqu’à Istanbul), mais je n’avais alors pas pu en voir l’intérieur. J’ai donc saisi l’occasion cette fois-ci !

Ce que tout le monde attend : la galerie photos ! (cliquez pour agrandir)

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