Depuis la fin de mon contrat le 19 janvier 2011, je commençais à trouver que le Pôle Emploi mettait du temps à réagir (4 mois sans décision!). Dans le même temps, les versements de la CAF devenaient erratiques (Ce n’est pas la première fois, je ne m’inquiétais pas). Je vis donc depuis le début de l’année presque sans ressource : 91€ de RSA en janvier, rien en février, 97€ en mars, 241€ en deux fois en avril. Pourtant, j’effectue une déclaration de mes revenus tous les trois mois auprès de la CAF. A quoi sert ce flicage ? Avez-vous déjà essayé de vivre avec moins de 100€ par mois, quand votre seul loyer est à 126€ après APL ?
Allant régulièrement sur ma banque en ligne, je ne voyais rien venir de la part de la branche indemnités de Pôle Emploi, les ex Assedics (je n’attend rien de la branche Emploi, l’ex ANPE). Et pour cause : rien ne viendra :
«Vous êtes salarié d’un établissement public exclu du champ d’application du Régime d’Assurance Chômage».
Pour commencer, sans vouloir jouer les jésuites, je ne suis plus salarié . De mon attestation de situation, je déduis que mon ancien employeur, une mairie, non content de ne payer que la moitié de mon salaire (les 50% restant étant les aides de l’État), n’avait pas non plus à verser les cotisations chômage. Quand un employeur privé ne paye pas ses charges patronales, on appelle cela du travail au noir
Pendant mon contrat aux Champs-Libres (l’employeur, Rennes Métropole, est une intercommunalité, donc un établissement public), on m’avait informé que les charges chômages n’étaient pas versées à l’État, mais que Rennes Métropole prenait l’équivalent des Assedics à sa charge à l’issue du contrat. Cela me paraissait original, mais juste. Durant ces deux dernières années, je n’ai eu de cesse de demander comment fonctionnait la commune vis-à-vis des cotisations chômage
Donc, me voilà à nouveau au RSA. En France, le seuil de pauvreté est fixé à 900€ (949 euros par mois par personne, allocations comprises, pour être précis). Durant mon dernier contrat, ma rémunération était de 823€ (le SMIC horaire, mais pour seulement 26h : travailler plus pour gagner plus, je n’aurais pas été contre). Le RSA-activité (91€) permettait d’atteindre ce seuil de pauvreté. Quand au RSA tout court, lorsqu’on n’a plus rien d’autre
En France, les questions d’argent sont taboues
Aujourd’hui, je vis dans un HLM après trois ans dans un foyer (ce qui m’a permis d’être «prioritaire»). Mes seuls biens de valeur sont :
- Un four micro-ondes (acheté 50€)
- Un ordinateur : 500€
- Une voiture : 5000€ mais beaucoup moins à l’Argus d’aujourd’hui. Un plein de diesel me coûte une semaine de RSA (>60€)
Pas très glamour n’est-ce pas ? Donc vous qui souhaitez travailler en bibliothèque
Enfin, je suis sûr de perdre mon habitation à loyer modéré :
- Soit je ne trouve pas de travail rapidement et le RSA ne me permettra pas de payer mon loyer, même modéré : on pourra m’appeler Tanguy.
- Soit je trouve du travail, je dois déménager loin de Rennes, et je troque mon HLM pour un loyer du marché. Mais là j’ai un problème. En Janvier 2011, j’ai eu un entretien à Chalon-sur-Saône. Prix du billet de train : 241,80€, soit trois quarts d’un mois de RSA ! J’y vais comment à mon prochain entretien ? En me concentrant mentalement pour me téléporter (M. Spock…)
? Je ne demande qu’à être mobile, mais avec quel argent ? Pour comparaison, le billet d’avion A/R pour Saint-Pétersbourg m’avait coûté 238,32€ en septembre 2010, quand j’avais encore un salaire. SNCF, à nous de vous faire préférer… l’avion ! En plus, avec ses nouveaux billets à horaires variables, cela va être encore plus facile d’être ponctuel.
Je suis issu d’un milieu modeste. J’ai été boursier tout au long de ma scolarité. Malgré mon bon niveau d’études, je suis aujourd’hui dans des difficultés pires que celles de mes parents. Quand je vois les jeunes de Tunisie qui se révoltent parce qu’ils ne trouvent pas de travail malgré leurs diplômes, cela me rappelle quelque chose. Alors oui, ces jours-ci, Deleuze me paraît extrêmement loin. En revanche, Bourdieu ne m’a jamais semblé aussi proche.
A double titre : comme la sociologie, les bibliothèques sont un sport de combat.
<MAJ du 26 05 2011 : Le fin mot de l’histoire>
J’ai eu le fin mot de l’histoire quand au calcul de mon RSA. Il fallait diviser mon salaire de janvier par trois. C’est lui qui est à l’origine du RSA activité qui interviendra dans le calcul pour avril, mai et juin. Durant ces trois mois, je n’aurai pas le RSA socle maximum, a cause d’un revenu partiel datant de six mois plus tôt. Résultat : une perte sèche de (410-346,98) x3 = 189,06€ ! Soit près de deux mois de courses alimentaires (Je mange des pâtes tous les jours depuis des années).
D’autre part, j’ai transmis les documents de Pôle Emploi à mon ancien employeur. La personne qui s’occupe de la paie ne sait pas quelle est la marche à suivre. C’est pas gagné, surtout quand je lis le point de vue d’un agent de Pôle Emploi sur la question, glané sur un site du réseau Agir contre le chômage et la précarité.
A suivre…
</maj>
<MAJ du 13 06 2011 : Le travail rend libre… de dire merde aux politicards>
A un mois du concours, j’apprenais que je me retrouvais avec un RSA-socle incomplet de 346€ mensuels, après trois mois où la totalité de mes revenus avait été de 90€. Deux jours plus tard, Laurent Wauquiez lançait sa proposition de travail non-rémunéré en contrepartie du RSA. Mon ancien employeur, public, n’ayant pas cotisé à la Caisse d’allocation chômage, le Pôle Emploi me renvoyait vers lui si je voulais envisager des indemnités.
Je viens (enfin) de recevoir une lettre de mon ancien employeur, le Maire de la commune de mon ancienne bibliothèque :
En l’état actuel des textes, nous vous informons que le bénéfice des indemnités de chômage vous est accordé, en application de l’article L 5424-1 du Code du Travail…
Suivent des détails pratiques et des chiffres, sur un ton digne du Pôle Emploi : actes positifs de recherche d’emploi, signalement de changement de situation, etc. Environ 600 € (les trois-quarts des trois-quarts d’un SMIC), ce n’est pas la panacée, mais je suis content pour le principe. Je devrais donc percevoir bientôt les quatre mois d’arriéré de chômage que le Code du Travail m’accorde… et je sors officiellement du dispositif RSA-socle, où je n’aurais jamais du me retrouver après mon dernier contrat.
Je peux me concentrer sur mes deux autres objectifs :
</maj>
J’ai tourné les chiffres dans tous les sens, je n’arrive pas à faire le lien entre le “revenu garanti de 570€” et le montant effectif de 346€.
Pour info, la collectivité publique doit effectivement payer les indemnités chomages : les Assedics, c’est pour le privé. Mais le pole emploi devrait vous dire comment faire. Mon frère a été contractuel pour l’éducation nationale et est maintenant indemnisé par son ancien employer. Il faut creuser, la solution existe (par forcément très accessible, mais elle existe)
Deux petites informations au passage qui pourront peut-être t’aider. si tu es inscrit à l’ANPE, tu as droit à des tickets de transport gratuits pour la sncf. Ils sont payés par les régions et les conditions changent selon les lieux, mais pour un entretien, ils prennent normalement en charge sous certaines conditions (comme le nombre de prise en charge par mois)
Quand à ton logement, j’ai un ami propriétaire, et une procédure d’expulsion pour loyer impayé dure plusieurs mois, voire plusieurs années. Quand vient le huissier, tu peux lui donner une petite somme qui suspend toute action et te permet de te retourner. Quand la dette est trop importante, il faut aller voir une assistante sociale qui te permettra de trouver des moyens de la faire baisser par des aides de l’état.
Ce n’est pas une solution, mais cela peut te permettre de gagner quelques mois.
Bon courage
Merci pour vos conseils. Aujourd’hui, j’ai déposé chez mon ancien employeur les documents que m’a transmis Pôle Emploi. Le dossier va être transmis au Centre de gestion. Wait and see…
Je tenais à souligner par cette remarque que je suis réjoui de la qualité de vos billet. Merci aussi pour le conseil
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