Comme promis, voici la première partie de l’environnement dans lequel se place l’acquéreur en bibliothèque, qu’il soit bénévole ou salarié : «Les acquisitions s’inscrivent dans une politique documentaire, et celle-ci est établie en conformité avec les missions des bibliothèques.»
1-Les textes fondamentaux
Il n’existe en France aucun texte de loi définissant ce qu’est une bibliothèque. Cependant, l’État exerce un contrôle technique sur les bibliothèques publiques, et ce contrôle est définit par des textes qui
«dressent une liste assez précise des points sur lesquels ce contrôle doit prioritairement porter :
- qualification des personnels,
- conformité et accessibilité des bâtiments et des services,
- politique documentaire,
- moyens de fonctionnement,
- qualité de l’organisation bibliothéconomique incluant les catalogues et donc les moyens informatiques,
- insertion dans la politique culturelle, sociale et éducative de la collectivité.»
(Le Métier de Bibliothécaire, 2010, p.53)
Lorsqu’on prépare ses acquisitions on a aussi à l’esprit trois textes fondamentaux :
- Le manifeste de l’Unesco (1994)
- La charte du Conseil supérieur des bibliothèques (1991)
- Le préambule de la Constitution de la République française de 1946 (art. 13)
Ces textes ont une portée très générale dont on retiendra la notion d’accès à la culture pour tous. Mais ils ne prennent pas en compte l’arrivé des ressources en ligne et le déclin parallèle de certains supports traditionnels, ni la réduction des moyens des collectivités en France.
2-La notion de service public
Les bibliothèques publiques en France, en tant qu’équipement municipaux, sont des services publics. Il existe d’autres modèles. Ainsi le réseau «Bibliothèques pour tous» est associatif, et certaines villes américaines font appel à des prestataires privés.
Dominique Arot (Le Métier de Bibliothécaire, 2010) définit ainsi la notion de service public (cette liste résume un page entière, je ne mets donc pas de guillemets) :
- L’égalité d’accès et l’accessibilité. En bibliothèque, cela inclus la pertinence des collections et l’accès aux ressources électroniques.
- La continuité
- La mutabilité, c’est à dire la capacité d’adaptation à travers le temps : les bibliothèques d’aujourd’hui sont très différentes de celles de 1803 et continuent à évoluer.
«[Les] bibliothécaires ont le devoir de proposer à leurs tutelles des projet permettant à la bibliothèque de demeurer un service pertinent face aux évolutions de la société et aux mutations technologiques».
D’où l’inclusion dans les collections de CD dans les années 90, de DVD après 2000 et les balbutiement des ressources en ligne en 2010. Notons que dans les bibliothèque universitaires françaises, les revues sont électroniques depuis la fin des années 90!
Pour en savoir plus sur la notion de service public vous pouvez lire le mémoire de fin d’étude du DCB à l’ENSSIB :
<http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-48198>
3-Les missions des bibliothèques
Les textes fondamentaux et la notion de service public déterminent les missions des bibliothèques. Parmi celles qui ont un lien direct avec les acquisitions on citera :
- Missions de communication et diffusion
«Les divers textes de référence mettent toujours l’accent sur les objectifs même de cette diffusion : information, loisir, éducation, culture. La notion de politique documentaire qui s’est particulièrement affirmée au cours de ces quinze dernières années est devenue essentielle dans cette interaction indispensable entre les collections et les publics. Elle implique pour les bibliothécaires eux-mêmes une connaissance fine des contenus et des supports d’une production éditoriale considérable et une attention redoublée aux attentes et aux pratiques de publics très divers et parfois difficiles à saisir.»
- Missions d’accès à l’information
«Une fois établis le choix et la mise en ordre des documents rendus accessibles, il incombe aux bibliothèques de développer chez leurs usagers (et ce, dès l’âge scolaire) une culture de de l’information. Cette formation de citoyens informés, et donc responsables, constitue, à l’heure d’internet, un axe de plus en plus important de l’action des bibliothèques. L’interactivité des sites web 2.0 des bibliothèques (messagerie, services de réponse à distance, catalogues enrichis, etc) contribue également au développement de cette culture informationnelle indispensable à l’exercice de la démocratie.»
(Le Métier de Bibliothécaire, 2010, pp.56-58)
Les autres missions ont aussi un lien plus ou moins étroit, plus ou moins indirect avec les acquisitions :
- Les bibliothèques comme lieux de vie et de débat,
- promotion et diffusion de la création culturelle,
- médiation en direction de toutes les disciplines y compris celles desquelles le public est peu familier (culture scientifique et technique, sciences humaines, théâtre, poésie…)
- mission sociale : promotion de la lecture, lutte contre l’illettrisme et contre la fracture numérique,
- soutient à la formation initiale et continue, autoformation.
On le voit, la valeur d’un document ne réside pas uniquement dans sa capacité à plaire aux lecteurs, et son futur taux de prêt ne peut pas être le seul critère de choix. Ainsi Bertrand Calenge définit le concept de politique documentaire comme la « conception et la mise en œuvre de méthodes et d’outils permettant de répondre aux missions de la structure et aux attentes des usagers »
<http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_documentaire#Indicateurs_de_suivi_de_la_politique_documentaire>
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