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eBooks et eMachins

OF-EditionDuSoir

Les romans sont une des grosses ressources des bibliothèques (en mètres linéaires comme en volume de prêts), au point que tant le public que les professionnels ont tendance à leur réserver une place à part au sein des collections. Au niveau numérique cela se vérifie également.

Si le terme eBook recouvre l’ensemble des codex imprimés dans leur version numérique (homothétique ou pas), à l’usage il est souvent identifié aux romans (fiction), en oubliant toutes les autres catégories (cuisine, voyages, histoire, philosophie, sciences… : non-fiction). Ce classement même fiction/non-fiction est symptomatique. Il y a les romans… et le reste.

Illustration de couverture d’un mémoire de Master de 2011 « L’impact du développement de l’e-book sur l’organisation des bibliothèques et le métier de bibliothécaire ». Le Comte de Monte-Cristo, Germinal, Le Parfum… que des romans. On a l’impression que eBook=liseuse,  liseuse=roman, eBook=roman. La lecture du paragraphe sur la définition du eBook, « entre contenant et contenu » p8, confirme cet amalgame réducteur.

Les romans et essais bénéficient en revanche d’un appareil bien à part, les liseuses. Il y a les eBooks qu’on peut lire sur tablettes et liseuses (les romans, les essais, bref, les livres sans images), et ceux qu’on ne peut pas lire sur liseuses (qui comportent une iconographie, que ce soit des photos de plats cuisinés ou des schémas scientifiques). Adaptées à une partie seulement des eBooks, avec pour seules images les couvertures des ouvrages, en noir et blanc, les liseuses sont également totalement inadaptées aux autres vecteurs d’information et de culture. Curieusement, ces derniers n’ont pas de terme dédié pour leur version numérique (eBD? eJournal? eMagazine?) et ont adopté directement les applis sans passer par un “moment eMachin” :

Pourquoi parler de “moment ebook”  ? Parce que le livre, une fois qu’il se sépare du support qui a été le sien depuis plusieurs siècles, va probablement connaître des transformations, de forme, d’usage, que nous ne soupçonnons pas aujourd’hui.

On ne se demande pas si les applis sont homothétiques de la version papier. C’est même l’inverse : la version numérique est vantée non seulement pour ses fonctionnalités, mais aussi pour ses contenus enrichis, complémentaires, différents. Ainsi, Ouest France a sorti le 5 novembre dernier son nouveau journal “L’Edition du Soir” exclusivement en numérique. La rédaction explique les avantages des tablettes :

Chaque jour, à 18 heures, l’édition du soir, quotidien 100 % numérique, sera votre nouveau rendez-vous d’actualité, mais aussi de reportage et de magazine abordant le sport, le cinéma, la télévision, la musique, la cuisine, la santé, les livres, les voyages, les sciences… Ce journal est conçu pour tirer profit des capacités des tablettes : interactivité, photographies haute résolution, infographies animées, vidéos… Des nouveautés technologiques apparaîtront au fur et à mesure.

[…] Un journal différent, avec des contenus propres, et parfaitement complémentaire des éditions Ouest-France du matin et du site Internet d’informations en temps réel, ouest-france.fr

Ouest-France est le premier en France à se lancer dans l’aventure 100 % tablette

Ce n’est ainsi pas un hasard si les BD, les magazines et les journaux trouvent leur place sur les smartphones et tablettes. Or ces appareils permettent de lire aussi les romans, mais encore de visualiser des photos, des vidéos (eCinéma?), d’écouter de la musique (eMusique?), de surfer (presque) comme avec un ordinateur et peuvent même être associées à un forfait Internet 3G ou 4G.

Alors pourquoi s’encombrer d’une liseuse, même Wifi? Pour le confort de lecture? Certes il est supérieur grâce à l’encre électronique, mais semble bien seul face à la polyvalence des tablettes. Quand l’encre électronique supportera la couleur comme le promet Amazon (Le Kindle Fire est une tablette LCD, pas une liseuse), les choses changeront :

Avec Liquavista, Amazon devient donc propriétaire d’une technologie d’affichage passif, couleur et suffisamment réactive pour afficher des vidéos. Un combiné de technologie mêlant les avantages de l’encre numérique des liseuses et l’affichage couleur des tablettes. Une solution pour proposer des engins parfaitement adaptés à l’ensemble des contenus que la marque distribue mais en plus ouvrir sur de nouveaux produits comme la BD, les magazines et la photo avec un affichage exploitable en extérieur. L’affichage réflectif utilisant la lumière naturelle ambiante pour proposer des contenus, c’est également la possibilité de fournir au public des machines couleurs ayant une autonomie sans commune mesure avec les tablettes LCD classiques.

Pour l’heure, on n’en est pas là. Essayez donc de télécharger l’appli L’Edition du Soir de Ouest France sur votre liseuse : impossible. Aucun fabricant de liseuses n’a d’accord avec aucun journal. Contrainte que ne connaissent pas les tablettes. Les éditeurs n’ont à fournir que quelques variantes de leur applis, généralement en HTML5, à peu de plateformes (App Store et Google Play voire Windows Store), ce qui suffit pour être compatibles avec l’ensemble des marques de matériel :

“Retrouvez votre magazine favori en version numérique optimisée pour tablette : lecture intuitive, sommaire interactif, contenus enrichis, feuilletage hors-connexion, etc.

Un seul bémol : une bibliothèque ne peut pas acheter ses applis une par une. En effet cela nécessite une carte bancaire alors qu’un service municipal n’est qu’une ligne dans la comptabilité de la mairie, sans autonomie juridique ni financière. De plus, la solution des cartes Google Play et iTunes, qui permettent de contourner l’obstacle carte bancaire pour des achats unitaires (en vue d’une heure du conte numérique par exemple), n’est pas encore 100% satisfaisante.

1 acheter une carte à Tinqueux -> 2 remplir le formulaire Google -> 3 retourner au Carrefour (marche pas) -> 4 remboursement de la carte -> 1

Néanmoins, il existe des fournisseurs grossistes en magazines papier, qui évitent aux bibliothèques d’acheter leurs périodiques numéro par numéro, ou même abonnement par abonnement. Le même type de fournisseurs existe pour le numérique. Ainsi L’astrolabe de Melun a choisi LeKiosk.com afin de fournir une lecture de la presse sur tablette, ainsi que des BD.

De la même manière, il est possible pour les institutions disposant de tablettes de s’abonner à des services d’eBooks en gros, au lieu d’être limité à un fournisseur lié à la marque de liseuse : Cyberlibris, Numilog, Immateriel… Certains sont spécialisés dans un domaine, comme Numérique Premium, également proposé par l’Astrolabe :

Numérique Premium […] est une plateforme francophone de livres numériques en histoire et sciences humaines. Toutes les périodes de l’Histoire sont couvertes ainsi que le cinéma, les études littéraires, la géopolitique… soit plus de 1 500 titres.

Quelques libraires numériques ont aussi des offres dédiées aux bibliothèques, comme Publie-net et son opération 100bibs50epub, ou Izneo et son BD pass 500.

Votre bibliothèque a-t-elle tenté d’articuler des abonnements à des services de type presse en ligne (Le Kiosque, PressReader…) ou BD numériques (Izneo, Ave Comics…) avec un service de prêt sur tablettes (sur place ou à domicile) ? Si oui, votre retour d’expérience est précieux, faites nous en part dans les commentaires!

Aller plus loin :

<MAJ du 07 novembre 2015 : pour se faire une toile, il suffira d’aller sur la Toile>

En raillant le moment e-machin du livre, que ne connaissent pas les autres support de la culture (eBD? eJournal? eMagazine? eMusique?… ), je n’imaginais pas qu’un distributeur de films inventerait le e-cinéma! Il s’agit de films inédits, initialement destinés au grand écran, mais dont la distribution se fait directement sur des plateformes en ligne, sans passer par les salles obscures. C’est une réaction au fort turn-over des multiplexes, où certains films n’ont que quelques jour pour trouver leur public, du fait d’un marché saturé. Alors que les sorties cinéma ont lieu le mercredi en France, celles du e-cinéma se font le vendredi. En France, c’est aussi un moyen de contourner cette chronologie des médias rigide, si critiquée par le rapport Lescure, en vain.

En savoir plus :

Lisez aussi :

</maj>

<MAJ du 26 mai 2016 : l’encre électronique couleur>

« Quand l’encre électronique supportera la couleur comme le promet Amazon (Le Kindle Fire est une tablette LCD, pas une liseuse), les choses changeront. » écrivais-je en 2013.
2016, les premiers prototypes d’encre électronique couleur arrivent… pour l’affichage public, en raison, notamment, de leur faible consommation en énergie!

</maj>

1 commentaire pour “eBooks et eMachins”

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