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Burkini, l’être et le néant (2)

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Bonnet Bain

Alors que les médias ne parlent que d’endroits où IL N’Y A PAS de burkini (c’est à croire que les endroits où il y en a n’ont aucun intérêt médiatique), contextualisons un peu. Ce maillot de bain intégral ne pose aucun problème au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède, en Belgique, en Espagne, en Australie, aux Etats-Unis. En revanche, il a été interdit au Maroc, et le débat fait rage en Suisse et au Québec, avec autant d’intensité qu’en France.

La première chose que les médias devraient faire, c’est de définir le terme. Le burkini est donc un maillot de bain couvrant autant qu’un maillot une pièce féminin, plus ce qui est couvert par les bermudas de bain masculins, façon bains 1900 en plus moulant :

Extrait de « Deux siècles de vacances à la mer » (le Café du web), un article qui retrace la vogue des bains de mer avant le bikini.

Le burkini comporte en outre une capuche pour couvrir la tête et des manches pour les bras, à la façon des hommes-grenouilles, sorte de combinaison de surfer agrémentée d’un bonnet de nageuse de 10 000 mètres qu’on voit actuellement aux JO de Rio :

Ceci n’est pas une nageuse de triathlon, mais bien une femme portant un burkini, en Égypte
Giorgio Montersino, Wikicommons

Inventé en 2007 en Australie (Burkini est une marque déposée), mais ne couvrant pas le visage, le burkini se rapproche en fait plus du jilbab saoudien que de la burqa afghane. Il faudrait donc plutôt parler de « jilbab de bain« . Cet habit s’inscrit  aujourd’hui dans le mouvement de la mode islamique, ou mode pudique :

Concrètement, cette mode « pudique » est un mouvement dans lequel les femmes, au nom de leurs croyances, s’habillent de façon à couvrir leur corps tout en suivant les évolutions de la mode : choix des matières, des coupes, des couleurs… Les femmes qui adoptent et défendent cette mode veulent « honorer leurs traditions tout en exprimant leur style »

« les ventes de produits de luxe ont atteint 8,7 milliards de dollars au Moyen-Orient l’année dernière et les musulmans ont dépensé 266 milliards de dollars dans ces produits à travers le monde en 2013 ». Des chiffres qui aident à comprendre « ce qui motive réellement ces marques ».

« Honorer leurs traditions ». Voici quelques exemples de tenues féminines traditionnelles dans différents pays musulmans ; la burqa n’en fait pas partie :

« Ceci n’est pas notre tenue traditionnelle »(à gauche) – « Ceci l’est » (à droite)

Les femmes qui adoptent la burqa, le burkini ou tout autre type de voile doivent savoir une chose : la façon de se vêtir signifie toujours quelque chose, même si on n’en est pas toujours conscient. D’origine afghane, la burqua est promue par les salafistes (mais pas le burkini). Pour autant, ni burkini, ni la burqa, ni aucun sorte de voile appelé à tort « islamique », ne sont des obligations religieuses. Ce sont plutôt des manifestations de la propagande wahhabite dans le monde, qui les a récupérés. Le wahhabisme sous ses différentes facettes (Frères musulmans, prédication salafiste, djihadisme sanguinaire, talibans…) est un fléau en train de s’abattre sur la civilisation musulmane, comme les invasions barbares se sont abattues sur l’Empire Romain :

À l’origine, la burqa n’avait pas le sens qu’on lui donne aujourd’hui. Par exemple, le tchadri, le vêtement traditionnel des femmes en Afghanistan, est au sens littéraire une burqa. Le tchadri, mot persan et synonyme de burqa, ne couvre pas le bas du pantalon des femmes et il est adapté pour que les femmes puissent sortir leurs bras pour faire le marché, par exemple. Les mains sont visibles. Certains types de tchadri sont même ouverts par devant, légèrement en dessous de la taille, laissant paraître robe et pantalon.
La burqa intégrale, à couverture totale (nouvelle version), selon le spécialiste de l’Islam et politologue français Olivier Roy, est une invention récente du mouvement intégriste salafiste dans les pays du Golfe et au Pakistan.

Wikipedia

Il fut une époque, en Egypte, où la simple idée d’imposer un  hijab aux femmes faisait juste rire (Vidéo connue de Nasser).

Et pourtant, depuis les années 1980

En Iran, chaque bouleversement politique durant le siècle dernier a eu des répercussions visibles sur la tenue vestimentaire des femmes, et pas que dans les magazines :

  • 1910-1921 : avec voile (d’abord blanc puis plus élaboré)
  • 1921-1979 : sans voile

  • 1979 à nos jours : avec un voile qui continue d’évoluer. Du noir on est passé à la couleur, et les cheveux, d’abord entièrement masqués, redeviennent de plus en plus visibles.

Aujourd’hui, non seulement le hijab, mais le niqab et la burqa se répandent partout, ici par obligation étatique (Iran, Arabie…) ou sous la pression sociale (Egypte…), là par revendication identitaire plus que religieuse (Occident). Mais de quelle identité s’agit-il?

Porter niqab, burka et autre accoutrement qui ne sont en rien garants d’une proximité particulière avec Dieu ni d’une dévotion plus authentique, traduit au mieux une méconnaissance de l’islam et au pire un endoctrinement lamentable et d’autant plus pitoyable que nous en connaissons les officines et le degré zéro d’évolution de leurs mandants.

Soyons conscients qu’actuellement dans d’anciennes villes tenues par Daech, et libérées par l’avancée des combattants syriens ou irakiens, les hommes rasent leur barbe et les femmes brûlent leur niqab – Isis: Incredible photos show civilians celebrating freedom in Syria by cutting beards and burning burqas : demandez-vous pourquoi. Ont-ils pour autant cessé d’être musulmans?

Men jubilantly had their beards cut off as women ripped off their veils and set them on fire in an act of rebellion after years living under Isis’ brutal interpretation of Sharia law.

Je pense que le plus sage est de suivre le conseil du site Algérie Focus, relayé par Courrier International : « A Rome, fais comme les romains ». C’est ce que font paisiblement des millions de musulmans qui vivent dans des pays où leur religion est minoritaire, et qui ne cherchent qu’une chose, c’est qu’on les laisse tranquille. Un mois de polémiques pour trois burkinis! Qui est le plus provoquant? Les trois ahuries de Cannes qui ont bravé l’interdit, ou la centaine de membres de la machine politico-médiatique française qui crie au loup? Quel est l’impact sur les électeurs qui voient ce genre de polémiques reprises par la presse ? N’est-ce pas un appel direct au populisme, à celui qui va dire n’importe quoi mais qui le dira mieux que les autres ?

Lisez aussi :

Aller plus loin :

<Mise à jour du 27 août 2016 : wahhabisme et djihadisme>

Daech et Al-Qaïda sont les enfants du wahhabisme, et la famille Séoud, mais aussi les Britanniques et les USA sont les principaux responsables.

En savoir plus sur l’histoire de l’Arabie des Séoud :

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