Il n’y a pas si longtemps encore, tout le monde s’est mis à réaliser des lip dub. Inventé en 2007 par les grandes écoles et entreprises dans le vent (publicité, communication, marketing…), le procédé visait à faire de l’autopromotion d’une manière originale. Même les bibliothèques s’y sont mises : souvenez-vous de ce clip de l’université de Washington où l’on voyait des bibliothécaires chanter sur Pokerface de Lady Gaga. “Ca-ca-ca-catalog, ca-ca-catalog, don’t forget the databases”, ça changeait du cliché de la dame à chignon faisant chut, et il y avait un beau second degré avec les lunettes. Allez, pour le plaisir, le revoici :
Aujourd’hui, je ne sais pas si ce serait encore possible, car si les paroles ont été adaptées aux bibliothèques, l’air de Pokerface est tout de même soumis au droit d’auteur. Il y a toujours moyen de créer une chanson (paroles et musique) originale, mais il ne faut pas se louper. De jeunes militants politiques l’ont appris à leurs dépens, dont les parodies du clip ont plus de succès que l’original. Comme ce blog n’a pas de vocation politique – équilibre de la politique documentaire oblige, voici un clip du bord opposé, guère plus réussi et qui a aussi suscité des parodies.
Néanmoins, la mode a passé. C’est devenu tellement 2010 de faire encore des lipdub. Aujourd’hui, c’est BREF qui a le vent en poupe en France. Et les bibliothèques sont à la page : on attendait tous le Bref, je suis allé à la bibliothèque ou le Bref, je suis un bibliothécaire. Ce sont les bibliothécaires du Cher qui ont sauté le pas. Voici donc :
Bref, je suis bibliothécaire
Bref, je suis bibliothécaire par chermedia
Dommage que le personnage principal soit une dame à lunettes et à chignon, mais c’est peut être pour mieux souligner l’aspect jargon de notre métier. J’aime bien la manière dont celui-ci est contextualisé. En plus la bibliothécaire est une super actrice, les expressions de son visage soulignent avec malice le double sens de ce qu’elle dit (sens métier vs sens courant) :
– Il vous faut une permission pour aller en enfer
– Je ne l’ai pas trouvé, il y avait un fantôme à la place
– j’ai la cote, je vais vous le trouver
J’aime moins le passage où on se cogne aux rayonnages, trébuche dans les bacs et se perd dans les travées (faut-il être maladroit pour passer le concours?). Je préfère nettement la deuxième partie : le catalogue des différents rôles est mené tambour battant : un mot, une image.
Je fais de la médiation culturelle. Je suis psy, déménageur, baby-sitter, cuisinier, sonorisateur, animateur, projectionniste, lecteur, conteur, assistante sociale, comédien, guide d’exposition, photographe, diplomate, frimeuse un peu parfois…
Et l’autre forme de jargon me ravit, le côté hybride est clairement assumé :
Je fais ma veille sur Twitter, je m’organise sur Delicious, Spoop It et Netvibes. Je partage mes news sur Facebook ou Pinterest. Je mets mes photos en Creative commons sur Flikr, mes vidéos sur Dailymotion, Vimeo et parfois sur Youtube. J’écris sur les blogs, je tague mes articles, je commente, je like, je RT, je recommande, j’envoie des DM, et je passe pour un geek.
Il est toujours facile de faire l’inspecteur des travaux finis. En tout cas, c’est un vrai BREF, rythmé et efficace. N’hésitez pas à découvrir le making of.
Comment cela se passe-t-il dans votre bibliothèque ? Les professionnels jonglent-ils tous sans difficulté entre le bibliotécais et le langage geek ? Les fiches de poste comportent-elles une rubrique veille et/ou rédactionnel en ligne ? Pensez-vous que cette vidéo reflète bien notre métier ?