Aller au contenu
Accueil / Café citoyen Open Data

Café citoyen Open Data

Carte France Open Data
Les cantines numérique sont des lieux de culture autour du numérique.

On parle beaucoup d’open data depuis quelques mois. Cela a commencé discrètement avec les conflits entre généalogistes et archivistes et s’étend maintenant à un grand nombre de sujets : question de la tarification des données, fermeture de services basés sur des informations santé, remaniement d’Etalab

Mais qu’est-ce que l’Open Data?

Bien qu’ayant déjà lu bien des choses en lien avec le sujet, j’étais conscient d’avoir une vision confuse du phénomène. Or comme pour la popinette, on ne trouve le terme open data ni dans le Larousse, ni dans le Robert, ni même dans le Harper & Colins. Open data, données ouvertes : quelles données, ouvertes à quoi?

Le vendredi 16 novembre dernier avait lieu à la Cantine numérique de Rennes un café citoyen sur ce thème. Trois personnes ont présenté chacune un aspect du problème puis un échange de questions-réponses s’est instauré.

  • Simon Chignard a présenté le concept. Son intervention est l’objet de ce billet.
  • Bernadette Kessler, de Rennes Métropole, a présenté l’application Qui Sommes Nous ? qui visualise les données sociologiques des rennais. Elle a surtout expliqué comment la démarche a été lancée et comment s’est déroulée la réalisation concrète, ainsi que des pistes pour la suite.
  • Le collectif Open Data Rennes a présenté une expérience de crowdsourcing sur les usages potagers des rennais, montrant que l’open data peut aussi être participatif.
Le livre de Simon Chignard, l’un des intervenant du café citoyen

Pour les deux derniers intervenants, je vous renvoie sur les sites correspondants pour en savoir plus. Quand au premier, Simon Chignard donc, il est l’auteur du livre L’open data, comprendre l’ouverture des données publiques (FYP, 2012). Sa présentation de l’ouverture des données et des applications possibles était si simple que j’y vois à présent beaucoup plus clair. Je me sens désormais de taille à en parler. L’open data désigne en fait les données publiques ouvertes.

Données

Pour commencer différencions la donnée et l’information. Un donnée est un fait brut, exemple : il fait 23°C. Une information intègre une interprétation : il fait doux pour la saison.

Publiques

En précisant que le concept avait une histoire plus ancienne liée à la notion de bien commun, Simon Chignard fait remonter l’origine de l’open data en France à la loi CADA de 1978. Cette loi défini ce qu’est une donnée publique. Une donnée publique est une donnée produite par l’État, les collectivités, mais aussi tout organisme public ou privé exerçant une mission de service public. Or la CADA instaure l’obligation pour tout producteur de données publiques de les fournir aux citoyens qui en font la demande. Cela peut se faire sur rendez-vous, et peut prendre la forme d’un pdf, par exemple.

La CADA, tout comme la CNIL ou Hadopi, est non seulement le nom d’une loi mais aussi celui de l’organisme créé par cette loi. La CADA est la commission d’accès aux documents administratifs. Elle peut-être saisie par toute personne ayant des difficultés à obtenir une donnée publique. La CADA a un site web qui explique son rôle, le droit d’accès mais aussi le droit de réutilisation :

La loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 reconnaît à toute personne le droit d’obtenir communication des documents détenus par une administration, quels que soient leur forme ou leur support.

[…] Toutes les « informations publiques » peuvent être réutilisées (article 10). […] Pour qu’une information soit regardée comme publique, et entre à ce titre dans le champ du chapitre II de la loi du 17 juillet 1978, il faut tout d’abord qu’elle figure dans un document administratif. L’article 10 prévoit toutefois une série d’exceptions.. Ne sont pas des informations publiques :

  • les informations figurant dans des documents qui ne font pas l’objet d’une diffusion publique ou dont la communication ne constitue pas un droit pour toute personne
  • les informations contenues dans des documents sur lesquels des tiers détiennent des droits de propriété intellectuelle

[…] La loi prévoit que [le terme réutilisation] recouvre l’utilisation « à d’autres fins que celles de la mission de service public en vue de laquelle les documents ont été élaborés ou sont détenus ».

366 milliards d’€uros, budget de la France en 2012, sous une forme plus parlante qu’un tableau Excel (Cliquez pour agrandir)

Ouvertes

L’open data va plus loin que la CADA. Au delà de la fourniture d’informations administratives, il y a une volonté. En effet, pour devenir ouvertes, la forme des données est particulière au sens où elles doivent pouvoir être réutilisables automatiquement. Ainsi un pdf n’est pas une donnée au sens Open Data car son contenu ne peut pas être réutilisé par une machine ou un logiciel. Mais ce critère technique n’est pas suffisant. Pour qu’une donnée soit ouverte, elle doit répondre à trois grands critères :

  • techniques : les données brutes doivent être exploitables de manière automatique (i.e. par des programmes informatiques) et mise à disposition dans des formats les plus ouvertes possibles et non propriétaires (par exemple : on privilégie le format .csv à .xls d’Excel),
  • juridiques : les licences doivent clarifier les droits et les obligations des détenteurs et des réutilisateurs de données, elles doivent être les plus ouvertes possibles (par exemple : obligation d’attribution ou de partage à l’identique),
  • économiques : peu ou pas de redevances tarifaires (susceptibles de constituer des freins à la réutilisation), tarification maximale au coût marginal, …

De plus, ne sont mises à disposition que les données numériques non nominatives, ne relevant pas de la vie privée ni de la sécurité. Les données fournies par les administrations sous forme brute peuvent faire l’objet de quatre types d’utilisations selon M. Chignard :

  • consultation (élaboration de graphiques simples), ex : la courbe des chiffres du chômage
  • médiation (mise en forme d’infographies), ex : le budget de la France en 2012 découpé en carrés de taille proportionnelle aux sommes considérées
  • Applications (interfaces interactives, pour ordinateurs, tablettes et smartphones), ex : l’appli “Qui sommes-nous?” de Rennes Métropole
  • Données spécialisées (fichier avec les données sous forme brutes, consultables avec un éditeur de textes, dans lequel un logiciel va puiser directement)
Qui sommes Nous? Data visualisation des données INSEE de Rennes Métropole (recensement 2009) – Cliquez pour y accéder.

Open Data

Nous avons vu les caractéristiques des données publiques ouvertes. Ce n’est que l’une des trois facettes de l’open data :

  • Une caractéristique : données publiques ouvertes
  • Un mouvement : l’ouverture des données
  • Une injonction : ouvrez les données!

Voici le diaporama de Simon Chignard :

L’open data n’est donc pas qu’un truc de geek, mais concerne la vie quotidienne de chaque citoyen. Cela va des transports à la qualité de l’eau en passant par la vie culturelle ou les politiques sociales. Toutes les statistiques existaient avant l’open data, mais elles étaient interprétées par des instituts spécialisés dont les rapports servaient d’aide à la décision. A partir du moment où elles sont accessibles à tous, les données ouvertes permettent à chacun de participer à la démocratie de proximité.

Mais il y a un revers. Alors que la fracture numérique empêche déjà certains publics d’accéder aux données ouvertes, une forme de fracture “statistique” ajoute une barrière supplémentaire. En effet, si les données sont traduites sous forme d’infographie, de graphiques, d’applications pour les rendre plus accessibles, cela nécessite tout de même un certain bagage culturel pour être en mesure d’analyser et de comprendre les chiffres et d’interpréter ce qu’implique telle ou telle mise en forme.

En résumé :

Pour aller plus loin :

  • Collectivités lancées dans l’open data : Après les pionnières Rennes et Plouarzel, des villes mais aussi des départements et des régions se lancent dans l’aventure. L’initiative collaborative opendata-map.org les recense au fur et à mesure :
La carte de France de l’open data au 29 nov 2012. Cliquez pour voir la carte à jour sur opendata-map. En dé-zoomant, on peut également voir les initiatives d’état dans les autres pays.
  • Au niveau national , c’est la mission etalab qui est chargée de l’ouverture des données publiques et du développement du portail Data.gouv.fr

Et pour une veille :

Les historiques

Les aiguilleurs du droit dans le contexte numérique

Quelques Scoop-It :

Saviez-vous ce qu’est l’open data, en aviez-vous entendu parler? Votre collectivité en met-elle à disposition? les utilisez-vous? utilisez-vous data.gouv.fr?

Quel est votre sentiment concernant le transfert d’etalab vers un secrétariat général pour la modernisation de l’action publique?

Étiquettes:

1 commentaire pour “Café citoyen Open Data”

  1. Retour de ping : Les NTIC, des technologies pas si nouvelles que ça! - InfodDocBib

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partagez
Tweetez
Partagez